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© Universcience, CNRS, IRD, Inrae - 2021
Numéro de notice
7346
Glaciers, les sentinelles du climat
Titre Série
Dans les coulisses du climatDécouvrez les études derrière les chiffres du 6ème rapport du GIEC et les travaux de recherches de scientifiques qui contribuent à comprendre l'évolution du climat ainsi que son impact.
Ce deuxième épisode permet de découvrir le travail de scientifiques de l'Institut des Géosciences de Grenoble qui étudient la réaction des glaciers au changement climatique. En régions montagneuses et en régions polaires, des glaciologues comme Fanny Brun mesurent la fonte des glaciers et collectent, parfois dans des contions extrêmes, des échantillons de glaces témoins des évolutions du climat sur le temps long. Des analyses en laboratoire permettent de comprendre la réaction des glaciers au changement climatique.
Gerhard Krinner, glaciologue spécialiste du climat polaire, a quant à lui contribué avec 17 autres auteurs au chapitre consacré aux océans et glaciers du dernier rapport du GIEC. Cette synthèse de plusieurs centaines d'études montre que l'impact de la fonte des glaces sur l'élévation du niveau des mers ainsi que l'incidence des émissions de gaz à effet de serre et du réchauffement climatique sur la disparition des glaciers.
Durée
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Son
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Transcription
DANS LES COULISSES DU CLIMAT
Episode 2 : Glaciers : les sentinelles du climat
Commentaire Voix off
Ils s'étendent sur un territoire plus vaste que la France et forment un gigantesque réservoir d'eau douce désormais menacé. Les glaciers réagissent aux variations climatiques sur le temps long et constituent ainsi les observatoires privilégiés des bouleversements à venir. Mais en raison de leur accès difficile, seul 1% des 200 000 glaciers et calottes glaciaires qui couvrent notre planète sont régulièrement suivis lors de missions de terrain. Dans ces conditions, comment la science parvient-elle à collecter des données sur les glaciers à l'échelle du globe ? Que nous apprennent ces sentinelles du climat sur l'avenir de notre planète ? Pour le découvrir, il nous faut suivre les traces de glaciologues français.
(GÉNÉRIQUE)
Commentaire Voix off
Sonder la glace, c'est l'une des spécialités de l'Institut des géosciences de l'environnement situé à Grenoble. Dans ces laboratoires, des glaciologues comme Fanny Brun étudient l'évolution des régions de montagne et des régions polaires au fil du temps. Dans ces chambres froides, les scientifiques manipulent régulièrement la mémoire glacée de notre planète, des échantillons d'eau sous forme solide qui servent de témoins des variations climatiques. Cette précieuse glace, il leur faut aller la collecter dans des conditions d'altitude et de température extrêmes. Depuis 2007 Fanny participe ainsi à des missions au Népal, notamment au chevet du glacier Mera Peak, un sommet himalayen qui culmine à près de 6500m.
ITW Fanny Brun
« Au cours de cette mission de terrain en fait on monte un certain nombre d'équipements. Nous notamment on doit monter un petit carottier pour pouvoir faire des forages, on monte ce qu'on appelle une sonde à vapeur, donc une grosse cocotte-minute qui nous permet d'implanter des jalons dans la glace pour mesurer la fonte. Les données qu'on va collecter au cours de ce mois de terrain, ensuite on les ramène au laboratoire et donc là il y a toute une autre partie du travail qui se met en place pour pouvoir les partager avec le reste de la communauté, et aussi pour nous, pouvoir les analyser pour ensuite mieux comprendre les réponses des glaciers au changement climatique. »
Commentaire Voix off
Depuis 30 ans, ces campagnes de terrain ont fourni aux glaciologues du monde entier des données sur un nombre limité de glaciers. Mais depuis le début des années 2000, le développement des satellites a bouleversé leur travail. Le traitement des images satellitaires a permis de retracer l'évolution de certains glaciers dans le temps et d'estimer leur changement de masse. Plus récemment, grâce au capteur Aster qui équipe le satellite Terra, les scientifiques parviennent à mesurer la hauteur de la quasi-totalité des glaciers présents à la surface du globe et à les modéliser.
ITW Fanny Brun
« Sur cette carte en 3D j'ai superposé une ligne qui correspond à une mesure GPS qui a été faite en 2016, et en fait la ligne elle est colorée par la différence entre les mesures GPS de 2016 et la mesure satellite de 2019. Et donc ce qu'on voit c'est que quasiment l'ensemble du glacier s'amincit – les points sont colorés en rouge – sauf une petite partie à très haute altitude, qui est au-delà de 5000 mètres d'altitude, ou en fait on observe un très léger épaississement du glacier. Dans cet exemple précis si on veut avoir une bonne mesure de l'altitude du glacier, on a besoin vraiment du satellite qui offre une couverture plus large et du GPS qui offre une référence, une précision qui est vraiment indispensable. »
Commentaire Voix off
Ces données satellitaires ont permis d'obtenir pour la première fois une vue d'ensemble de l'état de santé des glaciers du globe : depuis 50 ans, ils n'ont cessé de reculer. On estime désormais que ces géants perdent chaque année 300 milliards de tonnes des suites du réchauffement climatique : l'équivalent d'un gigantesque cube de glace haut de 7 km.
ITW Fanny Brun
« En moyenne sur la période 2000 à 2010, les glaciers se sont amincis d'environ 4 mètres, et sur la période 2010 – 2020, l'ensemble des glaciers ils se sont amincis d'environ 6 mètres, donc 60 centimètres par an. Sur Terre ce qu'on montre aussi c'est qu'il y a de forts contrastes entre les changements de masse des glaciers. Il y a des régions qui perdent énormément de masse parce que les glaciers s'amincissent vite, parce que c'est des régions très englacées, donc ça c'est le cas notamment de l'Alaska et de la Patagonie, qui sont vraiment les plus gros contributeurs à la hausse du niveau des mers. »
Commentaire Voix off
Ce recul des glaciers, certains l'observent depuis leur bureau grenoblois.
ITW Gerhard Krinner
« Derrière moi on voit un sommet avec un petit point blanc devant, et ce petit point blanc, c'est un glacier qui était encore assez grand quand je suis arrivé à Grenoble il y a 30 ans à peu près, et aujourd'hui il reste rien. Donc là on voit clairement à l'échelle de Grenoble l'effet du changement climatique global, ici sur les glaciers qui disparaissent. »
Commentaire Voix off
Spécialiste du climat polaire, Gerhard Krinner a participé durant 3 ans à la rédaction du dernier rapport du GIEC. Il est l'un des 18 auteurs du chapitre consacré aux océans et aux glaciers. Ces pages forment une synthèse de plusieurs centaines d'articles scientifiques et soulignent notamment que la fonte des glaciers a contribué pour un tiers à l'élévation du niveau des mers au 20e siècle. D'après les différents scénarios climatiques, à l'horizon 2100, cette fonte des glaciers pourrait faire s'élever le niveau des mers de 10 à 20 cm supplémentaires.
ITW Gerhard Krinner
Ce qui est vraiment nouveau dans ce rapport de 2021 c'st qu'on a aujourd'hui de nouvelles projections de l'évolution des glaciers fait avec des modèles de glaciers qui ont été fait de façon coordonnée dans le cadre d'un programme international que j'ai aidé à organiser. Il est très clair que les projections du futur des glaciers dépendent énormément des projections futures. Si on réussi à réduire le changement climatique ou de maintenir le changement climatique global à moins d'1,5°C ou à moins de 2°C, on peut sauvegarder un certain nombre de glaciers dans le monde, même dans les Alpes. Il y en a certains qui vont forcément disparaitre parce que les glaciers réagissent avec un certain retard par rapport au climat. Donc si on stabilise le climat, par miracle, au niveau d'aujourd'hui, il y a encore des glaciers dans les Alpes qui vont forcément disparaitre.
Commentaire Voix off
Cette disparition annoncée est-elle irréversible ? Les glaciers des Alpes avaient presque disparu il y a 7000 ans avant de renaitre. Un phénomène lent et naturel, sur une planète en grande partie préservée des impacts humains. Désormais la situation est toute autre : sans réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, les générations futures pourraient ne jamais contempler ces paysages englacés.