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© Universcience, CNRS, IRD, Inrae - 2022

Numéro de notice

7610

Quand la mer monte

Episode 9

Découvrez les études derrière les chiffres du 6ème rapport du GIEC et les travaux de recherches de scientifiques qui contribuent à comprendre l'évolution du climat ainsi que son impact.

Les océans absorbent 90% de la chaleur dégagée par nos émissions de gaz à effet de serre. Résultat : ils se réchauffent, se dilatent et grignotent les côtes – au rythme de 3,5 mm par an. Comment mesurer ce discret phénomène et donc prévoir son évolution ?
À La Rochelle, une équipe du laboratoire LIENSs (CNRS/La Rochelle Université) multiplie les mesures, grâce au marégraphe de l'île d'Aix, au drone Pameli et aux données satellitaires.

Durée

00:07:55

Année de production

Définition

HD

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Version(s)

Français

Support Original

Apple ProRes 422

Transcription


DANS LES COULISSES DU CLIMAT
Episode 9 : Quand la mer monte

Commentaire voix off
L'humanité vit-elle sous la menace d'une submersion ? Le dernier rapport du GIEC est formel : les activités humaines ont accéléré le rythme de la montée des eaux. 90% de la chaleur dégagée par nos émissions de gaz à effet de serre est aujourd'hui absorbée par les océans. Résultat : ils se réchauffent, se dilatent, et la mer ronge peu à peu les littoraux du globe, un phénomène nourri par la fonte des glaciers et des calottes polaires ; et ce processus très lent s'accélère. Au cours du 20ème siècle, l'océan s'élevait en moyenne d'1,2 millimètre par an. Au cours des 30 dernières années, nous sommes passés à 3,5 millimètre chaque année, avec des conséquences immédiates sur les populations côtières.
Mais comment mesure-t-on un phénomène aussi discret ? Pour le savoir, il nous faut mettre le cap sur La Rochelle.

(Générique)

Commentaire voix off
En ce matin de printemps, le port de plaisance de La Rochelle accueille un bien étrange navire. Les chercheurs du laboratoire LIENSs l'ont baptisé PAMELI. Il s'agit d'un drone 100% électrique, qui embarque plusieurs instruments permettant de caractériser l'environnement marin, comme la salinité, la température ou encore de mesurer avec précision le niveau de la mer.

ITW Thibault Coulombier :
« Y a plusieurs avantages à utiliser un drone aujourd'hui. Déjà c'est la facilité de mise en oeuvre ; c'est le fait d'avoir également plusieurs capteurs sur un petit bateau. Et puis y a des avantages aussi scientifiques, par exemple sur la mesure du niveau de la mer où ici on est capable de mesurer l'altitude du plan d'eau en étant très proche du plan d'eau, ce qui ne va pas être le cas sur un gros navire. Et ici on a un système qui s'appelle minicyclopé pour la mesure du niveau de la mer, qui se compose d'un GPS et d'un altimètre, donc on a la mesure de l'altitude avec le GPS et la distance du plan d'eau avec l'altimètre. Donc on connait comme cela l'altitude exacte du plan d'eau. »

Commentaire voix off
Piloté à distance, PAMELI est capable de suivre un plan de navigation précis, afin de cartographier une zone de manière automatique. Il peut ainsi naviguer dans des eaux peu profondes et très proches de la côte, pour mesurer les variations du niveau marin. C'est ici, à l'Institut du Littoral et de l'Environnement que les chercheurs récupèrent et traitent les données collectées par PAMELI. Elles permettent d'obtenir une vision locale du phénomène de montée des eaux, un outil précieux pour l'équipe du laboratoire, car il vient compléter une autre source de données, celles produites par les satellites.
JASON 3 fait partie des satellites équipés d'altimètres qui permettent de mesurer le niveau marin depuis l'espace. Il produit une carte topographique de 95% des mers, dépourvues de glace, tous les 10 jours. C'est la méthode la plus fiable pour mesurer la hauteur du niveau marin au large. Une surveillance mise en place depuis 1991, qui permet aujourd'hui à la communauté scientifique de disposer d'une vision globale du phénomène

ITW Laurent Testut :
« Ce qu'on voit ici donc c'est l'évolution du niveau de la mer sur les 30 dernières années donc calculée à partir des satellites altimétriques. Donc tout ce qui est rouge en fait et orange concerne l'élévation du niveau de la mer. On voit que globalement le niveau de la mer évolue partout, sur tous les océans du globe, avec des variabilités spatiales qui sont assez importantes et qui reflètent aussi la dynamique interne des océans et on voit apparaitre par exemple des courants comme le golf Stream ici, ou le courant Oyashio, ou le courant circo-polaire antarctique, qui impriment leur signature sur cette carte. Ce que ne sont pas capables de faire actuellement les satellites, c'est d'observer très proche de la côte. C'est pour ça qu'on a besoin de mesures à la côte comme les marégraphes ou comme des systèmes ultra-côtiers comme le drone PAMELI, ça nous permet aussi d'étalonner les satellites, c'est-à-dire de comparer la mesure faite à la côte, la réalité de terrain, par rapport à ce qui est obtenu par satellite. »

Commentaire voix off
Pour affiner les mesures satellitaires, les chercheurs peuvent compter sur des outils installés sur la côte. Et pour les atteindre, il faut prendre le large. Embarquement immédiat pour l'île d'Aix, à seulement 7 kilomètres du littoral.
Le satellite JASON 3 survole ce périmètre tous les 10 jours, c'est pourquoi une station d'observation du niveau marin y a été installée. Les chercheurs s'y rendent régulièrement pour contrôler la qualité des mesures.

ITW Guy Wöppelmann :
« Cette station a la particularité d'avoir deux instruments : un très ancien, une échelle graduée verticale, et un marégraphe-radar, donc une technologie très moderne. Donc avec l'instrument moderne, et bien, ça nous permet d'enregistrer de manière automatique à une fréquence qu'on décide, ça peut être la seconde, l'heure, les minutes ; alors qu'à l'échelle, bien sûr, il faut se positionner sur l‘échelle et prendre la lecture. Avec l'instrument moderne, et bien, on va pouvoir connaître l'ensemble des processus qui font varier le niveau de la mer, que ce soit des processus très courte période liés à une tempête, ou des processus très longue période liés au changement climatique.

Commentaire voix off
Cette campagne d'étalonnage permet de s'assurer que les mesures du marégraphe, ne sont pas contaminées par des mouvements parasites, comme ceux de la jetée ou un changement d'altitude de l'île. L'instrument est ainsi rattaché à des points de référence à terre, dont les coordonnées sont connues. Grâce à un niveau optique et une échelle, les scientifiques mesurent d'éventuels mouvements du sol qui fausseraient leurs données. La mer pourrait ainsi sembler monter bien plus vite si l'île venait à s'affaisser.
Sur ce littoral, on observe une variation du niveau marin de l'ordre de 2 à 3 millimètres par an, ce qui correspond à la moyenne globale sur Terre

ITW Valérie Ballu :
« Ce qu'on a amélioré sensiblement, c'est la partie mesure, observation du niveau marin, donc là maintenant c'est incontestable, on sait parfaitement que le niveau marin monte, on sait de combien et où. Ensuite, il y a un deuxième aspect qui est la compréhension de l'origine du phénomène : pourquoi il monte, quelles sont les contributions des différentes choses, que ça soit la fonte des glaciers, la dilatation thermique des océans, et ça c'est vraiment intéressant et important, parce que ça va nous permettre d'anticiper et de projeter vers le futur ces variations du niveau marin. »

Commentaire voix off
Le futur, le dernier rapport du GIEC nous en donne un aperçu : si l'humanité maintient cette trajectoire d'émissions de CO2, une élévation du niveau des mers de 65cm à 1m est possible d'ici 2100. 1 milliard d'humains se retrouveraient alors à vivre dans des zones côtières à risque, exposées à des phénomènes de tempêtes et de submersion de plus en plus destructeur.

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