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© Universcience, CNRS, IRD, Inrae - 2021

Numéro de notice

7385

Sécheresse : le futur est dans le pré

Episode 3

Découvrez les études derrière les chiffres du 6ème rapport du GIEC et les travaux de recherches de scientifiques qui contribuent à comprendre l'évolution du climat ainsi que son impact.

Ce troisième épisode permet de découvrir comment simuler le climat de 2050 et les périodes de sécheresse qui seront plus fréquentes et plus longues. A Lusignan, près de Poitiers, des chercheurs en agronomie ont conçu une serre mobile high-tech avec suivi par drone et images 3D. Là germeront peut-être les futures variétés des prairies européennes…

Durée

00:07:09

Année de production

Définition

HD

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Son

Sonore

Version(s)

Français

Support Original

MPEG4

Transcription


DANS LES COULISSES DU CLIMAT
Episode 3 : Sécheresse : le futur est dans le pré

Commentaire voix off
À quoi ressembleront ces champs en 2050 et qu'y cultivera-t-on ? Parmi les activités humaines, l'agriculture reste l'une des plus directement influencée par le climat. Et si la production agricole contribue à 17% des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale, ce secteur en subit également les conséquences.
Le réchauffement de l'atmosphère pourrait ainsi stimuler la photosynthèse et améliorer le rendement de certaines cultures. Mais il entrainerait aussi une transformation profonde du cycle de l'eau avec, en perspective, des périodes de sécheresse plus intenses et plus longues.

Comment les plantes parviendront-elles à s'y adapter et peut-on les y aider ? Une équipe de scientifiques a décidé de mettre certaines d'entre elles à l'épreuve pour étudier leur résistance à la sècheresse.

(GENERIQUE)

Commentaire voix off
Dans les chambres froides du centre de recherche de l'INRAE de Lusignan se cachent des trésors par poignées. Ces graines font partie d'une collection de semences et sont régulièrement sollicitées pour des expériences en pleine terre. Elles ne le savent pas encore, mais certaines s'apprêtent à subir une privation d'eau drastique pour mesurer leur capacité d'adaptation.

Sur ce site, la recherche agronomique s'est alliée à la haute technologie pour faire naître un abri d'un nouveau genre baptisé Siclex, un simulateur de climat extrême. L'objectif : soumettre des plantes à l'environnement qu'elles pourraient connaître d'ici 20 ou 30 ans.

ITW Cédric Perrot - Ingénieur
« Siclex est un dispositif expérimental que nous avons développé et mis en service en 2018 qui sert à intercepter les précipitations pour générer du stress hydrique sur les parcelles de culture, notamment les prairies. Le côté automatique est assuré par un logiciel que j'ai développé, qui va chercher sur internet des cartes radar de précipitations de manière à anticiper l'arrivée de la pluie pour évidemment intercepter l'ensemble des précipitations avant que la pluie n'arrive sur le site. »

Commentaire voix off
Ces parcelles, longues de 100m sont ainsi recouvertes par l'abri avant que ne tombe la moindre goutte. Et pour augmenter encore le stress auquel sont soumises ces plantes cobayes, l'abri se retire systématiquement après la pluie pour profiter du rayonnement solaire. Sous la chaleur, ces végétaux augmentent ainsi leur consommation de l'eau présente dans le sol et dans leur organisme, accentuant le phénomène appelé « évapotranspiration ».

L'écophysiologiste Jean-Louis Durand s'intéresse à l'adaptation des prairies aux changements climatiques. Pour cette expérience, il a sélectionné différentes variétés de dactyle. Cette plante fourragère riche en protéines permet de nourrir les ruminants, un maillon essentiel pour l'élevage. Avec son équipe, il a ainsi fait pousser 77 petits massifs composés de variétés provenant de différentes régions d'Europe pour comparer leurs réactions.

ITW Jean-Louis Durand – Écophysiologiste
« Les dactyles sur lesquels nous travaillons sur ce site actuellement, sont étudiées mises face au même manque d'eau généré par ce système pour observer d'une part la vitesse avec laquelle elles assèchent le sol, comment elles réagissent, comment elles entrent petit à petit dans une phase où finalement elles deviennent toutes jaunes, elles sont complètement fanées, et on cherche à savoir combien de temps elles peuvent rester dans cet état avant qu'elles ne puissent plus jamais repousser. »

Commentaire voix off
Ces dactyles ont été totalement privées d'eau entre avril et septembre avant d'être brusquement arrosées, simulant ainsi un été caniculaire précédent les pluies d'automne. Premier constat : la majorité des variétés plantées est repartie mais avec des différences de performances très notable. Pour les mesurer avec précision, les chercheurs s'appuient sur des prises de vues aériennes. Les clichés haute définition pris par ce drone durant son vol permettent de modéliser cette parcelle en 3D et de comparer dans le temps la vitesse et la qualité de repousse de ces plantes fourragères.

ITW Jean-Louis Durand – Écophysiologiste
« Les plantes, pour vivre, ont besoin de consommer beaucoup d'eau. Cette eau, elles la trouvent dans le sol, et le sol et réalimenté par les pluies. Donc tout se joue sur l'équilibre entre les pertes en eau et l'alimentation par les pluies. Or, ce que disent les climatologues c'est que, pour commencer, la consommation d'eau en tendance va augmenter, alors que les pluies vont rester constantes, donc on a un déficit hydrique, climatique, qui s'impose de plus en plus, qui est observé. Ces périodes d'été sec vont être plus fréquentes à l'avenir. Par conséquent, ce qu'il nous faut c'est trouver les moyens que les plantes que l'on cultive aujourd'hui continuent à produire le maximum pendant l'été, et surtout survivent à des étés très secs. »

Commentaire voix off
Survivre à l'été de 2050, c'est le défi proposé à ces dactyles, une population très diverse génétiquement présente du nord au sud de l'Europe, dans des conditions climatiques très différentes. Le croisement des variétés les plus robustes pourrait faire naître un idéotype, une plante idéale créé naturellement au fil des générations. Ce mène ainsi l'enquête pour identifier les marqueurs génétiques qui favorisent la résistance à la sècheresse.

ITW Philippe Barre – Généticien
« A partir des individus les plus résistants qu'on a identifié à l'extérieur, on va regarder leur ADN, et on va dire c'est telle séquence qui permet d'avoir la résistance à la sécheresse. Cette séquence-là, on va l'identifier chez plusieurs individus et on va prendre les individus ayant cette séquence pour les croiser entre eux, pour ensuite créer une descendance qui aura cette séquence favorable, et on pourra ainsi avoir une variété. »

Commentaire voix off
Face à l'urgence climatique, ce protocole encore expérimental permet de gagner un temps précieux, en donnant naissance à de nouvelles variétés de plantes trois à quatre fois plus rapidement qu'avec des méthodes traditionnelles. D'ici 4 ans, ces dactyles aux capacités de résistance accrues pourraient germer dans les prairies d'Europe en dessinant les contours de l'agriculture de demain.

Auteur(s)

CNRS Images,

Nous mettons en images les recherches scientifiques pour contribuer à une meilleure compréhension du monde, éveiller la curiosité et susciter l'émerveillement de tous.