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Numéro de notice
7347
Gaz à effet de serre : prenons de la hauteur
Titre Série
Dans les coulisses du climatDécouvrez les études derrière les chiffres du 6ème rapport du GIEC et les travaux de recherches de scientifiques qui contribuent à comprendre l'évolution du climat ainsi que son impact.
Ce premier épisode permet de découvrir le travail mené par des membres du LSCE (Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement) sur le site de Traînou en France. Ces scientifiques procèdent à la collecte d'échantillons d'air grâce à des ballons stratosphériques atteignant jusqu'à plus de 30 km d'altitude. Les résultats d'analyse de ces prélèvements permettent ensuite d'obtenir une mesure précise de la concentration de gaz à effet de serre (CO2).
Ces données sont réutilisées pour des travaux de modélisation du climat et permettent, en complémentarité avec les données satellitaires et celles collectées par les stations du réseau ICOS d'établir une cartographie de la concentration en dioxyde de carbone à grande échelle.
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Transcription
DANS LES COULISSES DU CLIMAT
EPISODE 1 – GAZ À EFFET DE SERRE, PRENONS DE LA HAUTEUR
Commentaire Voix off
Comment évoluera le climat dans les années à venir ? Quels seront les impacts du changement climatique sur notre environnement ? Afin de répondre à ces questions centrales pour l'avenir de notre planète, le GIEC, le Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat, produit depuis 30 ans des rapports qui compilent les connaissances scientifiques sur l'évolution du climat. Le sixième rapport de près de 4 000 pages publié en aout 2021 a mobilisé plus de 234 auteurs durant 2 ans pour synthétiser quelques 14 000 articles scientifiques. Quelles études se cachent-elles derrière ces chiffres ? Qui sont les hommes et les femmes engagés dans ce travail de titan ? Préparez-vous pour une plongée dans les coulisses d'une aventure scientifique hors du commun.
GÉNÉRIQUE
Commentaire Voix off
La concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère n'a cessé d'augmenter depuis l'ère industrielle. Parmi ces gaz, le dioxyde de carbone, le fameux C02, joue un rôle prépondérant dans les changements climatiques en accroissant la capacité de notre atmosphère à piéger la chaleur du soleil.
Mais comment mesurer ces émissions de CO2 ? Essentiellement produit par les activités humaines comme l'exploitation des combustibles fossiles, les transports et l'industrie, ce gaz a longtemps été une menace invisible. En France il y a vingt ans encore, on ne disposait d'aucune mesure d'émission de CO2. Mais grâce à la science, ce CO2 est désormais suivi de près.
Pour percer les secrets des mesures qui ont bouleversé les recherches sur le climat, direction le site de Trainou, dans le Loiret. C'est ici que 4 membres du LSCE, le Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement, se sont donné rendez-vous pour un lâcher de ballon d'un genre particulier.
ITV JULIEN MOYE
On est train de préparer des ballons qu'on dit des ballons stratosphériques puisqu'ils vont monter à plus de 30 km d'altitude. Et grâce à ces ballons on va obtenir des échantillons d'air qu'on va pouvoir ensuite analyser pour obtenir des mesures de concentration de gaz à effet de serre.
Commentaire Voix off
Pour piéger cet air présent en haute atmosphère, les scientifiques peuvent compter sur l'Aircore, un étroit tuyau d'acier long de 70m relié aux ballons et équipé d'un parachute. C'est cet outil qui va permettre de collecter un échantillon d'air. Aujourd'hui les conditions de vent se révèlent favorables, l'Aircore va pouvoir prendre son envol.
Durant une heure 30, il va s'élever dans les airs jusqu'à atteindre environ 30 kilomètres d'altitude. Puis le ballon éclatera et l'AirCore entamera une descente en parachute d'une demi-heure. L'air entrera alors dans le tube sous l'effet de l'augmentation de la pression atmosphérique à mesure que l'altitude diminue. Pendant ce temps au sol, le compte à rebours a com-mencé. Guidés par le GPS arrimé à l'Aircore, les scientifiques suivent à distance le parcours des ballons et tentent d'estimer leur zone d'atterrissage. Si l'un parvient à se poser en douceur dans un champ, l'autre a eu moins de chance…
ITV JULIEN MOYE
Ces mesures elles sont assez uniques. Les avions ils vont jusqu'à 12, 13 km d'altitude maximum. Nous avec cela on peut atteindre plus de 30 km, 33, 34 km d'altitude et donc c'est vraiment le seul moyen qu'on a pour prélever de l'ai in situ à ces altitudes là.
Commentaire Voix off
L'équipe rapporte ensuite les précieux échantillons d'air au laboratoire situé à Saclay. Il faut faire vite pour obtenir un profil de la colonne atmosphérique à différentes hauteurs, avant que l'air ne se mélange à l'intérieur du tube. Après analyse, les taux de CO2 apparaissent dans l'échantillon d'air capturé ce jour-là. Ils viennent s'ajouter aux nombreux autres relevés sur ce site depuis 5 ans, pour un constat sans appel.
ITV JULIEN MOYE
Là on a tous les profils qui ont été faits depuis Trainou. Là les plus foncés en violet et jeune c'est les plus récents. En haut dans la haute atmosphère au-dessus de 20 km, on voit que la concentration en dioxyde de carbone augmente vraiment au fil du temps et qu'elle s'accumule dans la haute atmosphère.
Commentaire Voix off
Ces données sont mises gratuitement à la disposition de la communauté scientifique mondiale et nourrissent les travaux des modélisateurs du climat. Elles viennent s'ajouter aux mesures effectuées par le réseau ICOS dont ce laboratoire fait partie. Contrairement aux lâchers de ballons qui ne donnent que des résultats ponctuels et très localisés, ICOS regroupe un ensemble de stations réparties dans 17 pays européens. Des sites qui permettent de cartographier avec précision les émissions de carbone à grande échelle et de valider les données d'une autre source majeure : les satellites.
ITV François-Marie BREON
On peut pas avoir des mesures de concentration de dioxyde de carbone partout sur la terre. Donc du coup ça a un intérêt d'avoir des satellites, car justement les satellites peuvent faire cette mesure globale, quotidienne pratiquement partout sur la terre. Ce ne sont pas des mesures parfaites. En particulier la précision qui est accessible à partir des observations spatiales est moins bonne que la précision qui est accessible à partir des mesures au sol, des instruments qui sont au sol. Et puis d'autre part il y a d'autres problèmes en particulier qui sont gênés par la couverture nuageuse. C'est-à-dire dès qu'il y a un nuage, c'est pas possible, en tout cas avec les technologies actuelles de mesurer par satellites la concentrations en dioxyde de carbone.
Commentaire Voix off
La complémentarité des relevés de terrain et des données satellitaires a permis d'améliorer la mesure des gaz à effet de serre et donc les prévisions. De quoi anticiper les changements à venir et soutenir le projet de quotas d'émissions à imposer aux États.
Et il y a urgence : en 2019, le taux de CO2 dans l'atmosphère avait déjà atteint un record sans précédent depuis 3 millions d'années !