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© CNRS - 2021

Numéro de notice

7281

Une chimie verte qui se fait dans l'herbe ZPP#03

Episode 3 : Ne pas polluer davantage, c'est bien… Mais dépolluer notre planète : c'est mieux ! Des chercheurs ont mis au point des technologies permettant de créer des produits synthétiques qui non seulement n'engendrent pas de nouvelle pollution mais en plus font disparaître la pollution déjà existante ! Et grâce à la phytorestauration, c'est-à-dire aux plantes, des chercheurs sont capables de dépolluer "naturellement" les eaux et sols usés, en produisant au passage un compost réutilisable et avec un très faible impact sur l'environnement.

Durée

00:07:49

Année de production

Définition

HD

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Son

Sonore

Version(s)

Français

Support Original

Apple ProRes 422

Transcription


Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode d'un zeste pour la planète.
Si je vous dis industries chimiques, j'imagine que vous pensez à plein de polluants super flippants, à des rivières vert fluo, des rats à trois têtes, voire des tortues balaises en arts martiaux. Mais vous vous dites aussi que l'industrie chimique, on en a besoin au quotidien pour créer des médicaments, des polymères, des sacs plastiques, non ça bof. Bref, c'est compliqué de s'en passer.

Heureusement, il existe maintenant une chimie d'un genre nouveau qu'on appelle verte. Les chercheurs ont mis au point des technologies, qui permettent de créer des produits synthétiques qui, non seulement n'engendrent plus de nouvelle pollution, mais en plus font disparaître la pollution déjà existante.

Ne pas polluer davantage, c'est bien, mais dépolluer notre planète, c'est mieux. Parce que ça fait des décennies que notre industrie lâche dans la nature des métaux lourds qui contaminent les sols, mais aussi les rivières ou encore les nappes phréatiques. Pour les détoxifier de manière écolo, les chercheurs du CNRS propose d'utiliser des plantes. Vous savez, ce truc qu'on tue quand on pollue. Des jardins filtrants permettent en effet de purifier les eaux et sédiments chargés de déchets. Pour découvrir ça, suivez-nous dans la bioferme Phytorestore.

Ici, on peut purifier plusieurs types de boue, comme celle de la fosse septique ou encore les boues industrielles contenant pléthore de métaux lourds. Ou heavy metal, comme disent nos amis anglophones. Alors non, non, rien à voir avec la musique ici « lourd » signifie surtout toxique. Tout ça grâce aux racines des plantes qui ont plus d'un tour dans leur sac.

Pour comprendre comment elles réagissent face aux différents métaux lourds, il va nous falloir une technologie de pointe. Les scientifiques doivent d'abord prélever des échantillons, puis on les congèle en vitesse pour figer les éléments qui s'y trouvent. Et enfin, on envoie la plante se faire scruter sous un rayon X pour révéler comment les racines réagissent face aux métaux, à l'échelle microscopique. On constate alors que quand le taux de cuivre est bas, il est perçu comme un micronutriments. La plante va donc le capter à l'intérieur de sa sève brute et l'envoyer vers ses feuilles pour en nourrir la croissance.

On a donc à faire à des plantes qui mangent du métal, ce qui pour le coup, est très métal. Mais quand la plante est dans un endroit trop pollué, elle va résister à la pollution en faisant appel à ses mycorhizes. Les mycorhizes sont des champignons filamenteux qui se forment sur les racines. Ils ont plein de fonctions. Par exemple, ils augmentent le réseau des racines, ce qui permet à la plante de croître en profitant de plus de nutriments. Ce qui intéresse les scientifiques, c'est qu'ils peuvent aussi servir de piège pour les métaux lourds quand ils sont présents en trop grande quantité au goût de la plante. Les mycorhizes ont alors précipité le métal et l'immobiliser pour créer une bulle saine autour des racines principales.

Dans cette ferme dépolluante, une fois que les métaux ont été concentrés et ont percolé à la base des bassins, ils sont envoyés dans des filtres de piégeage. L'élément clé de ces filtres 100 % naturel, ce sont les tourbes. Mais attention, toutes les tourbes ne se ressemblent pas. Il en existe différents types qui vont plus ou moins bien matcher avec les métaux que l'on cherche à éliminer.
- « Alors, tourbe de sphaigne, tu as du lourd sur Tinder ?
- Oh là, non ! À Attends Bastos du 82. Il a l'air d'avoir du plomb dans la tête. J'adore Et toi ?
- Oh ben moi ! Next, next, ah Mercure du 69. Oh celui-là fait monter à la température

Et ça marche très bien. A la fin du piégeage, 98 % des métaux sont tombés dans les mailles du filet. Ces méthodes écolos présentent un autre avantage non négligeable elles sont économiques. Aujourd'hui, en France, pour dépolluer une tonne de bois industriel, il faut débourser 300 €. Un prix prohibitif pour tous les pays en voie de développement qui ne peuvent tout simplement pas traiter leurs déchets.

Alors qu'avec les méthodes de la bioferme, le prix de l'assainissement des bois industriels tombe à 2 € la tonne. De quoi donner les moyens aux pays les plus défavorisés de ne pas être aussi les plus pollués. Et de convaincre au passage les pays les plus riches que ça vaut le coup puisque visiblement, l'argument écologique ne suffit pas.

- « Oh oui, c'est parfait, non ? Mais même à 2 € la tonne, avec toutes les saletés qui traînent un peu partout dans le monde, ça va chiffrer sévère.

Mais revenons à notre belle vieille France, ah la France, ses plaines, ses montagnes, c'est 1002 ans qu'abandonner ou plus rien ne pousse à cause de la pollution. Nos chercheurs n'allaient pas laisser ce problème sans solution. Il est désormais possible, avec des méthodes toutes douces, de dépolluer les sols et les eaux des anciens sites d'extraction minière qui deviendront peut être bientôt de beaux espaces boisés dont les enfants pourront déguster la délicieuse boue.

Évidemment, ces sols ultra pollués ne laissent aucune chance aux plantes que nous avons vu tout à l'heure et à leurs amis les mycorhizes. Pour ces zones, il existe des super plantes capables de survivre à la présence de très fortes teneurs en métaux. Mais ce n'est pas tout. Elles sont également capables de les capter pour les envoyer dans leurs feuilles.

Je vous présente la très jolie et très costaude Anthyllide vulnéraire. Sur cette ancienne usine d'extraction de zinc à Saint-Laurent-Le-Minier, la chimiste Claude Grison la cultive et la chouchoute. La scientifique estime qu'avec cette plante, le site sera dépollué en moins de 50 ans. Et même si ça prend du temps, ça vaut le coup.

- « Oh mais qu'est-ce qu'on s'en fiche ? Personne n'y va là-bas.
- Attends, t'as pas ta maison d'architecte à deux kilomètres du site, toi ?
- Bah si, pourquoi ?
- Parce que les sols sont pollués. Du coup, les plantes ne poussent plus. Et comme les plantes ne puissent plus, les vents peuvent emporter de plus en plus de morceaux du sol pollué, qui t'arrive en plein dans la tronche quand le vent souffle au nord-ouest, là, pile sur ton jacuzzi.
- Ah non, pas mon jacuzzi ! Bon, c'est à qui qu'il faut donner du pognon pour les plantes qui bouffent le mercure. Tout ça, hein ?

C'est bien beau tout ça, mais une plante dépolluante dont les feuilles sont donc polluées, c'est comme une relation toxique. Il faut vite s'en débarrasser parce que si on ne fait rien, au bout d'un moment, elle va mourir, pourrir et repolluer son sol. Il faut agir vite.

Heureusement, il existe l'éco-catalyse, un procédé génial qui permet de valoriser ces déchets végétaux riches en métaux lourds. Les particules métalliques à l'intérieur des plantes polluées sont récupérées et avec les métaux extraits, on peut faire des catalyseurs. Les catalyseurs sont des produits essentiels en chimie. Ils servent à accélérer une réaction pour construire une molécule complexe, à base d'éléments plus sommaires.

Avec ces catalyseurs, on peut synthétiser des centaines de produits et rentrer de plain-pied dans la chimie verte, la chimie qui propose des produits à la fois synthétiques et écoresponsables, la chimie qui crée du neuf avec du vieux, qui dépollue les 2 millions de sites qu'on a bousillé rien qu'en Europe, en exploitant les mines de métal.

(chanson)

Réalisateur(s)

Stéphane ROSSI

Auteur(s)

Rédacteur(s) en chef

Production

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