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© CNRS - 2021

Numéro de notice

7372

Des arbres... en stress ! ZPP#04

Les arbres sont comme nous : depuis quelques années, ils prennent un gros coup de chaud, et ça ne devrait pas s'arranger tout de suite... Alors pour comprendre quel impact le réchauffement climatique aura sur nos forêts et leurs écosystèmes, on vous emmène sur un site exceptionnel où des chercheurs et chercheuses soumettent des chênes méditerranéens à un petit coup de stress en simulant l'avenir de notre climat... Pour la bonne cause bien sûr !

Durée

00:09:11

Année de production

Définition

HD

Couleur

Couleur

Son

Sonore

Version(s)

Français

Support Original

Apple ProRes 422

Transcription


Bonjour à toutes et à tous.

Vous avez vu en France, en été ? Il fait de plus en plus chaud.

- « Oh non franchement, ça va. Faut toujours que tu exagères. »

Concrètement, ça implique que vous transpirez beaucoup trop et que vos camarades de métro sentent un petit peu mauvais. Mais en plus, ça a deux ou trois conséquences sur notre environnement : les lacs s'assèchent, les vignes aussi, les poissons meurent et les moustiques nous emmerdent. Mais aujourd'hui, on va vous parler des arbres ; parce que c'est important les arbres.

Eh oui, c'est une vraie question ça : comment les arbres de nos belles forêts vont-ils encaisser cette aridification du climat ? Pour le savoir, il va nous falloir prendre de la hauteur. Direction les Alpes de Haute Provence, à 3m50 du sol, sur un site exceptionnel : l'O3HP. Il a été développé au sein d'une forêt naturelle de chênes pubescents, pour observer au plus près leur adaptation face aux changements climatiques.

Cet endroit permet d'ausculter la forêt de la tête aux pieds, mais aussi de la faire voyager dans le temps en voyant à quoi elle pourra ressembler dans le futur. La base du dispositif, c'est une plateforme longue de dix mètres qui a été installée à deux niveaux de hauteurs différentes, à 3m50 et à 80 cm, pour pouvoir observer à la fois la canopée mais aussi les troncs des arbres.

Ensuite, les scientifiques ont mis en place une expérience pour comparer trois parcelles. Dans la première, on a construit un dispositif composé de volets hermétiques qui permettent d'intercepter 30 à 40 % de la pluie, pour simuler un climat aride sur cette parcelle de la forêt. Les chercheurs peuvent les ouvrir et les fermer à leur guise en fonction de la météo. Bon, là, par exemple, on était à quelques minutes d'un énorme orage

- « Oh mais c'est horrible. Mais c'est pas du tout détox comme régime. C'est l'inverse qu'il faut faire. Il faut leur donner du jus d'épine enrobées de goji et des smoothies aux brocolis et chou rave. »

Ces arbres artificiellement, confrontés à un changement climatique sévère, sont ensuite comparés à ceux d'une parcelle témoin laissée face à notre climat actuel, soumis à des précipitations normales. Ils sont aussi comparés à des arbres d'une parcelle irriguée qui échappent donc à la sécheresse estivale naturelle.

Mais alors, du coup, comment on compare ? Dans ce système d'exclusion de pluie dynamique, des dizaines de capteurs permettent de mesurer 6 paramètres environnementaux comme : la température, l'humidité et ce, à différents niveaux du sol et de la canopée. Le but : comprendre la corrélation entre ces paramètres et l'évolution de la santé des arbres. On s'occupe donc de prendre le pouls des chênes, transformés en véritable rats de laboratoire, grâce à des capteurs permettant de mesurer les flux de sève.

Plus l'arbre est vigoureux, plus la sève monte vite, plus l'arbre grandira, comme un ado, (un peu).

La force de l'O3HP, c'est qu'on ne s'occupe pas uniquement de l'arbre isolé, mais de l'arbre au sein de son écosystème, c'est à dire dans une forêt naturelle, dans toute sa complexité, où cohabitent de nombreuses espèces végétales et animales. Des analyses précises sont donc également menées sur le sol dans lequel les arbres sont plantés.

Du coup, les scientifiques dissèquent la forêt à tous les niveaux, de la cime des arbres à leurs racines, en s'intéressant aussi à l'aération des sols, grâce à des cloches en verre. Et oui, on dit souvent que les forêts sont les poumons de notre planète. Sauf que pour que les arbres fassent leur boulot et nous aident à respirer, il faut que la terre qui les accueille respire elle aussi.

Et n'oublions pas non plus qu'un arbre a besoin de se nourrir. Pour cela, il faut que les matières organiques qu'il rejettent sous forme de feuilles mortes soient recyclées en produisant de la biomasse et donc des nutriments. Vous savez, le fameux phosphore et le célèbre azote dont nous avons parlé dans notre vidéo sur les toilettes du futur. Eh bien, les arbres aussi, ils en ont besoin.

Et pour ça, ils doivent compter sur des petits animaux qui vivent juste à leurs pieds et qu'on appelle la mésofaune : la mésofaune, c'est la faune qui a une taille comprise entre 0,2 et 4 mm. Ça inclut des animaux comme les acariens, les collemboles et autres arthropodes trop mignons, enfin trop mignon. Non, en vrai, ils sont laids comme des poux, mais on ne va pas se mentir, ils sont très utiles en tout cas : ils mangent les feuilles mortes et contrôlent la prolifération des micro-organismes dans les sols. Ils sont ensuite consommés par des insectes de plus grande taille, comme les araignées ou les pseudoscorpions qui eux-mêmes nourriront les oiseaux. Etc. Etc.

Vous connaissez le principe : ça s'appelle la chaîne alimentaire et c'est nous qui gagnons à la fin. Sauf contre la plupart des ours ! Les chercheurs leur portent donc une attention toute particulière. Et pour savoir comment ils se sentent en milieu aride, il faut retourner sur le terrain. Voici des bacs permettant de récolter la litière au pied des arbres afin de quantifier la production de biomasse en fonction du contexte climatique.

Heureusement, à l'O3HP, on est équipé pour mener une démarche scientifique de A à Z. On peut donc passer directement du terrain au laboratoire pour observer tout ça. Ici, on récupère toutes les petites bébêtes présentes dans ce sol. On les observe à la loupe binoculaire pour identifier tout ce petit monde. Et hop, on peut dresser la courbe de population de la mésofaune en fonction de l'évolution du climat.

Et là, oh, le tableau est pas jojo ! En cas d'aridité, les organismes détritivores meurent plus facilement que leurs prédateurs. Et cette chute démographique importante ralentit le processus de décomposition des sols, ce qui impacte alors toute la biodiversité à grande échelle. Et là, vous allez me dire « oh, 100 acariens de plus ou de moins. Qu'est-ce que ça peut vous faire ? Franchement, vous cherchez toujours la petite bête, vous les écolos ? » Ben non, parce que si tu affaiblis un maillon de la chaîne, c'est toute la faune qui se retrouve en danger. Un puceron qui meurt, c'est potentiellement une coccinelle affamée.

Or, ces petites bêtes-là sont essentielles à l'entretien d'une belle structuration du sol. On dit même que les vers de terre sont les ingénieurs du sol. C'est dire. Et un sol mal structuré, ça peut causer des érosions des terres arables, donc une baisse de la fertilité des champs et même des glissements de terrain qui fragiliseront nos constructions. Alors pour garder ta villa en place et ton frigo bien plein, tu ferais bien de protéger les petites bêtes.

Bon, soyons calme et posé. Est-ce que c'est vraiment le début de l'apocalypse ? Pour le moment, le chêne pubescent résiste plutôt bien à la diminution simulée des précipitations. Même s'il encaisse une légère baisse de croissance, il est résilient le chêne. Enfin pour l'instant. Car pour le moment, les scientifiques peuvent observer de légères tendances mais c'est dur de savoir s'il le sera encore dans 50 ans.

Et ça, c'est le drame. Parce que le chêne pubescent, c'est quand même le papa de la truffe,
- « Moi ?
- Mais non, pas toi, le le champignon, le truc qui se mange quoi. »

Et autant vivre dans un monde sans acariens. Moi, ça me va. Autant vivre dans un monde sans truffes. No way.

Heureusement, les chercheurs de l'O3HP tirent des conclusions précieuses de leurs recherches pour limiter l'impact négatif de l'aridification. Grâce à leur savoir, ils peuvent aider à la gestion forestière de demain. Et on va en avoir besoin parce que des campagnes de plantation d'arbres sont actuellement mises en place pour atténuer les effets du changement climatique.

Et injecter de l'argent pour planter des forêts, c'est bien. Mais éviter de planter un chêne peu résistant qui va crever dans trois ans, c'est mieux. Pour pas passer pour un gland. Nos experts donnent donc des pistes pour reforester la France avec des essences plus appropriées pour effectuer une transition tout en douceur.

Leurs conseils : éviter de planter des espèces monospécifiques. En effet, certains arbres sont naturellement accompagnés de types de plantes qui leur font du bien C'est ce qu'on appelle les espèces compagnes. La préservation de ces groupes de potes chlorophyllés aide à la bonne santé de la forêt tout entière. La solution pour une France qui respire à pleins poumons verts, c'est donc la diversité forestière.

Et après tout, si au final on a moins de truffes et moins de glands, ça nous fera de l'air. Merci à tous d'avoir regardé cette vidéo. On espère que ça vous aura plu et que ça vous aura donné envie de chouchouter nos forêts qui morflent un peu plus chaque été. Alors n'oubliez pas, ne jetez pas vos mégots, triez vos déchets. Abonnez-vous à cette chaine et lâchez-nous un pouce bleu.

Réalisateur(s)

Stéphane ROSSI

Auteur(s)

Rédacteur(s) en chef

Production

Référent(s) scientifique(s)

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