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© CNRS - 2020

Numéro de notice

7173

Toilettes du futur (Les) ZPP#01

Episode 1 : Et si, à l'avenir, nos toilettes triaient directement nos déchets organiques pour mieux les valoriser... et ainsi utiliser notre urine pour fertiliser les champs en polluant au minimum ? On vous emmène à la découverte des toilettes du futur !

Durée

00:05:47

Année de production

Définition

HD

Couleur

Couleur

Son

Sonore

Version(s)

Français

Support Original

Apple ProRes 422

Transcription


Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans le premier épisode d'un zeste pour la planète. Aujourd'hui, on va commencer par vous parler de vous. Moi, non, de moi. Ben non, de moi.

Non, non, non de vous, et plus précisément de ce qu'il y a à l'intérieur de vous. Et qui ressort de temps en temps, de ce que vous produisez, en somme. Oui, oui, on va parler « pipi-caca ».

Saviez-vous que votre urine, qu'il ne vous viendrait probablement pas à l'idée de boire, contient pourtant de précieux nutriments : du phosphore, de l'azote, du potassium…
Mais aujourd'hui, ce que nos toilettes chassent à grand renfort d'eau potable n'atterrit plus que dans les égouts et les stations d'épuration où il faut ensuite tout traiter. En plus, ces stations d'épuration émettent des tonnes de gaz à effet de serre, autant que le trafic aérien à l'échelle mondiale. Et ces stations sont parfois surchargées. Elles ont bien du mal à faire face à nos besoins. Sans mauvais jeu de mot.

Et lorsqu'elles sont surchargées, elles déversent donc des eaux encore trop riches en phosphates et en azote dans les rivières. Le problème, c'est qu'ils produisent des algues indésirables qui menacent la biodiversité animale et végétale dans nos cours d'eau.

Alors comment soulager les stations d'épuration et réorienter le potentiel fertilisateur de l'urine là où on en a vraiment besoin ? On en revient donc à nos toilettes.

Pour faciliter le recyclage de ces nutriments, le plus simple, ce serait de commencer par séparer les déchets de la cuvette. Alors comment ?

Passage chanté : « En arrêtant de faire pipi debout, tu vois c'est tout ! »

Pour le savoir. Direction Toulouse. Ici, des scientifiques ont un projet pour le moins ambitieux : développer les toilettes du futur. Les chercheurs ont eu une idée toute simple mais ingénieuse. Traiter les déchets produits par notre corps comme tous les autres déchets : en les séparant à la source. Sur ce prototype de toilettes conçu par les scientifiques toulousains, une grille de séparation permet d'évacuer directement l'urine par un canal différent de celui suivi par les excréments, un peu comme vous le faites chez vous quoi : le plastique, c'est là ; le carton, c'est là ; le caca, c'est là. Non !

Oui, enfin, pour que ça marche, y a quand même une contrainte. Il faudrait que ces messieurs acceptent enfin de faire pipi assis. C'est pas trop demander. Et l'autre truc ingénieux dans le système conçu par nos ingénieurs toulousains, c'est qu'on arrête de gaspiller l'eau potable. Au lieu d'être emporté par une chasse d'eau qui utilise entre trois et neuf litres d'eau potable, les déchets sont évacués sous vide. C'est à dire par de l'air et un tout petit peu d'eau, comme dans les avions ou dans les trains. Des endroits où l'on manque d'eau, comme sur terre quoi.

Bref, grâce à ces toilettes intelligentes, on peut récupérer l'urine pure, propre comme on l'aime. Il ne reste plus ensuite qu'à en extraire la substantifique moelle, autrement dit les fameux nutriments. Ah ouais, mais du coup, ça se mange ?
Non, c'est juste pour les plantes, là. Ah ok !
Et là encore, les chercheurs ont développé une méthode innovante et efficace pour produire de l'engrais directement à partir d'une urine récupérée lors d'événements à fortes concentrations humaines et urinaires : les festivals. Alors comment on fait ? On verse l'urine dans une centrifugeuse. On y ajoute du magnésium. Et hop, on lance la machine. On obtient de la struvite. Cela permet de créer un produit phosphoré en grains qui ressemble beaucoup aux engrais classiques et qui peut d'ores et déjà être utilisé comme fertilisant. Mais si vous avez à peu près suivi jusqu'ici, vous allez me demander. Oui, mais l'azote, il est ou l'azote ? Je sais bien, on me pose cette question dix fois par jour. Pour récupérer l'azote, on a recours à une technique particulièrement novatrice la chimisorption transmembranaire ou TMCS.

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Bon d'accord. Je vais essayer de vous l'expliquer. L'azote de l'urine s'est naturellement transformé en ammoniaque. Avec cette technique, on fait passer cet ammoniac sous forme de gaz à travers une membrane pour pouvoir récupérer l'azote. Il est ensuite capté à l'aide d'une solution d'acide sulfurique, produisant ainsi une solution de sulfate d'ammonium. Et ça, ça ne vous dit peut-être rien mais c'est un fertilisant, comme ceux qu'on peut trouver dans le commerce, mais en propre.

D'autant plus que les engrais chimiques que nous utilisons actuellement dans l'agriculture intensive sont très énergivores et surtout issus de ressources fossiles. Autrement dit, pas super top pour la planète. Et nous, la planète, on y tient un peu. Mais soyons encore plus concrets, ce n'est peut-être pas pour tout de suite, mais dans quelques années, on pourra peut-être fournir Paris en pain, grâce à du blé fertilisé par nos toilettes ou encore alimenter un festival en bière avec l'urine de l'édition précédente.

Réalisateur(s)

Sébastien CHAVIGNER

Auteur(s)

Rédacteur(s) en chef

Production

Référent(s) scientifique(s)

Institut(s)

Délégation(s)

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