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© CNRS - 2022
Numéro de notice
7482
Ilots de chaleur : quel climat pour demain ?
Cet été 2022, les rues de Paris se transforment en laboratoire pour comprendre et limiter un phénomène redouté par les citadins : l'îlot de chaleur, causé par des matériaux qui emmagasinent l'énergie du soleil la journée et la restituent pendant la nuit. Découvrez les recherches menées dans le cadre du projet "Paname 2022" sur la qualité de l'air et le climat urbain.
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Son
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Transcription
Commentaire – Voix off
Pierres, briques, mais aussi béton, asphalte, bitume, goudron. Il suffit de marcher quelques minutes dans la rue pour s'en rendre compte. Durant les vagues de chaleur, la ville étouffe sous les matériaux minéraux.
Valéry MASSON - météorologue
Là, il y a des bâtiments en pierres, en brique, en face.
Commentaire – Voix off
Et toutes ces constructions sont en partie responsables d'un phénomène qu'on appelle un îlot de chaleur. Concrètement, vous l'avez sans doute remarqué, la température est plus élevée en ville qu'à la campagne, surtout la nuit.
Valéry MASSON - météorologue
Donc là, on a un très bon exemple de paysage urbain, avec des bâtiments en béton, en brique, en pierre, avec une route. Et donc ces matériaux urbains vont chauffer pendant la journée, stocker de la chaleur. Et c'est cette chaleur qui va empêcher le rafraîchissement de l'air pendant la nuit et créer l'Îlot de chaleur urbain. Au contraire des arbres qui eux, vont utiliser l'énergie solaire pour transpirer l'eau du sol, la transformer en vapeur d'eau et donc rafraîchir la ville.
Commentaire – Voix off
L'Îlot de chaleur est un phénomène météorologique favorisé par un ciel bleu dégagé et une absence de vent, mais il est aussi aggravé par certains de nos comportements en période de canicule.
Valéry MASSON - météorologue
Il y a aussi des effets liés à la climatisation qui va prendre de l'air chaud intérieur et le rejeté dehors. Donc il va augmenter un petit peu de chaleur, même la nuit. Ça peut être de l'ordre d'un degré pour une métropole, en centre, en centre de Paris.
Commentaire – Voix off
Un dôme de chaleur de 300 mètres de haut peut ainsi se créer certaines nuits au-dessus de la capitale. Pour anticiper ce phénomène et mieux le localiser. Les chercheurs ont besoin de données. Les expérimentations en ville sont souvent compliquées administrativement et techniquement. Mais cet été, pour la première fois, les rues de Paris se transforment en laboratoire. Paname 2022, c'est le nom de ce projet inédit qui mobilise des centaines de chercheurs. Leur mission étudier l'atmosphère, la qualité de l'air et le climat de la région Ile de France.
Guilaine CANUT – physicienne
Dans 20 secondes
Commentaire – Voix off
Sur les quais de Seine. Valérie Masson retrouve une équipe chargée du lâcher des ballons sondes.
Guilaine CANUT – physicienne
3, 2, 1, partez.
Commentaire – Voix off
Ces ballons sont précieux. Ils vont donner des indications localisées sur les différentes couches de l'atmosphère.
Jean WURTZ – ingénieur en météorologie
On voit que le ballon est bien parti et on voit que l'atmosphère est bien mélangée sur les premiers mètres, ce qui est tout à fait attendu. Il y a le trait rouge qui correspond à la température, le trait vert qui correspond à l'humidité qu'il y a dans l'air. Et le trait bleu qui correspond à la pression qui permet d'avoir une indication de la hauteur du ballon et de la sonde.
Guilaine CANUT – physicienne
On va le suivre jusqu'à entre 20 et 30 kilomètres. Celui de tout à l'heure il a éclaté à 28,7 kilomètres d'altitude.
Commentaire – Voix off
À l'observatoire Sirta de Palaiseau, on lance officiellement le projet Chaleur et santé en ville. Dans le cadre de cette campagne de terrain. Actuellement, Météo-France dispose d'une seule station météo à Paris, dans le parc Montsouris. Les scientifiques vont pouvoir étoffer le réseau en plaçant des stations dans d'autres arrondissements directement sur des lampadaires, au plus près des piétons et des matériaux urbains.
Aude LEMONSU – météorologue
Elles vont être à peu près au nombre de 30 dans principalement deux quartiers de Paris intra-muros autour de la Seine, sachant que l'objectif dans ce cas-là, c'est vraiment d'étudier à très fine échelle, notamment comment la Seine peut influencer les conditions météo. Est ce qu'il y a un effet de rafraîchissement, par exemple? Et puis, il y a un autre panel de stations qui va être installé sur, sur le 13ᵉ arrondissement. Donc on va avoir différentes typologies des grandes tours, des maisons individuelles, etc. Donc l'idée, c'est vraiment de regarder comment évolue les températures.
Commentaire – Voix off
Cet été, ces données exceptionnelles permettront de réaliser des modélisations en temps réel très précises. Quand Météo-France quadrille la capitale tous les 1,3 kilomètres. L'équipe arrivera à zoomer jusqu'à une résolution de 100 mètres.
Aude LEMONSU – météorologue
Sur du plus long terme on aimerait pouvoir laisser les instruments en place pour pouvoir plutôt faire du suivi des conditions sur des temps plus longs. Et ça, ça peut nous permettre d'une part pour les scientifiques de suivre les processus et donc de les étudier dans différentes conditions météorologiques à différentes saisons. Et puis, on peut imaginer aussi que ça peut permettre de mieux évaluer, voire d'améliorer à terme les modèles de prévision du temps.
Commentaire – Voix off
Améliorer les prévisions, mais aussi les instruments de mesure. Les chercheurs inaugurent le premier test d'un ballon sonde nouvelle génération, plus léger et plus facile à manipuler.
Aude LEMONSU – météorologue
C'est des capteurs qui ont été encore peu utilisés. Donc là, l'idée, c'est de les inter-comparer avec nos radiosondages standard pour voir quelle est leur fiabilité afin de pouvoir les utiliser de façon plus systématique en environnement urbain.
Commentaire – Voix off
Quelques jours plus tard, nous retrouvons Aude Lemonsu. Elle participe aux rencontres de l'agence santé publique France pour exposer son projet de recherche. Depuis la canicule de 2003 et ses 15 000 morts, la chaleur est devenue une préoccupation majeure. Encore trop sous-estimée par les Français.
Mathilde PASCAL – épidémiologiste
La chaleur, c'est un risque important pour la santé. On observe chaque année des augmentations du recours aux soins d'urgence, notamment pendant les vagues de chaleur, des augmentations de la mortalité. Et en fait, ce qu'on voit, ce qu'on observe, c'est que toutes les classes d'âge peuvent être touchées. Et donc c'est vraiment très important d'agir à la fois sur les comportements mais aussi sur les environnements pour que ces environnements restent vivables malgré l'augmentation de la température.
Commentaire – Voix off
Le constat est déjà sans appel le risque de mortalité est plus grand dans les communes qui ont moins de végétation et plus de sol artificiel. Les nouvelles données collectées par le projet Paname 2022 peuvent accélérer le changement nécessaire.
Mathilde PASCAL – épidémiologiste
C'est une mine d'or parce qu'aujourd'hui on n'a pas cette quantité et qualité de données. C'est vraiment un projet très intéressant parce qu'il est très interdisciplinaire avec des résultats qui ne sont pas uniquement orientés publications scientifiques.
Commentaire – Voix off
Un programme de végétalisation des villes vient d'être lancé par la France, doté d'un fonds de 500 millions d'euros. Selon le dernier rapport du GIEC, le changement climatique sera plus rapide que prévu et les jours de canicules de plus en plus fréquents dans les deux décennies à venir. Il est urgent de transformer nos îlots de chaleur en îlots de fraîcheur.