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© CNRS - 2021

Numéro de notice

7376

Coraux, s'adapter pour survivre

Partout sur la planète, le déclin du récif corallien semble inexorable. Mais les scientifiques n'ont pas dit leur dernier mot ! Dans ce reportage en Polynésie française, une équipe de chercheurs essaie d'inverser la tendance en aidant le corail à s'adapter au changement climatique.

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00:08:59

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Comment aider les coraux à survivre ?

C'est un univers parallèle
Comme une cité qui héberge la vie marine.
Un paysage qui n'existe que sous la surface.

Voici le monde des coraux.

Une sorte de foret, riche de nombreuses espèces, aux formes variées.
Le récif corallien attire la faune, la nourrit, l'abrite.
Une espèce marine sur quatre y vit.
Il est foisonnant.
Et représente à la fois un centre névralgique et un havre de paix.

Sur l'île de Moorea en Polynésie Française, la barrière de corail est vitale.
Elle protège l'île en absorbant 70% de l'énergie des vagues. Et fait vivre l'économie grâce au tourisme et à la pêche.

Ce récif corallien, cela fait plus de 10 ans que Laëtitia Hédouin l'étudie. Cette biologiste marine se passionne pour cet animal étonnant.


ITW
Alors le corail c'est un animal, il a une particularité, à la fois c'est ça qui est fascinant chez le corail, c'est que c'est un animal qui vit en symbiose avec une algue, la zooxanthelle, c'est une micro algue qui fait à peu près 10 microns donc qui est toute petite et qui vit dans ses tissus. Et ces micros algues elles ont une fonction qui est clé qui est que au travers de la photosynthèse, elles vont lui apporter jusqu'à 90% de ses besoins énergétiques. Donc elles vont lui fournir des sucres, des glucides, donc en quelque sorte le corail n'a pas besoin de se nourrir par lui-même, c'est cette algue qui vit dans ses tissus qui lui apporte quasi tous ses besoins énergétiques.

Mais lorsque la température de l'eau augmente, le corail est stressé et il se débarrasse de cette algue pourtant vitale. Il laisse alors apparaitre son squelette de calcaire blanc. Il ne peut plus se nourrir et va la plupart du temps dépérir.
Dans le monde, 14% des coraux ont déjà disparu entre 2009 et 2018.
Et il y a peu la Polynésie Française a elle aussi été touchée par une vague de blanchissement.

ITW
En 2019, ça a été une année très marquante en Polynésie parce que c'était une des premières fois où on avait un épisode de blanchissement aussi massif le récif était vraiment complètement blanc sur la pente externe dans la zone des 6 mètres. On n'avait plus de 70% des coraux qui étaient blancs donc c'était assez dramatique visuellement. Et on a fait des comptages et on s'est aperçu qu'on avait quasi jusqu'à 50% de mortalité dans la zone des 6m. Donc on a eu une forte mortalité qui s'est faite en quelques mois.

Face à ce déclin mondial, Laëtitia Hédouin et son équipe mène une dizaine de projets de recherches. L'objectif : trouver des solutions pour aider le corail à s'adapter au changement climatique.
Comme avec cette pépinière.
Des arbres métalliques où sont élevés des coraux.
Celle-ci se situe à 12 mètres de profondeur.
Les chercheuses récupèrent certaines branches pour les implanter dans la nouvelle pépinière… Pour cela, il faut descendre à 30 mètres.
A cette profondeur les coraux subissent moins les vagues de blanchissement. L'équipe y installe diverses espèces pour créer un lieu protégé.

ITW
On s'est d'abord rendus compte qu'il y avait de nombreuses espèces qu'on trouvait en surface qui pouvaient vivre dans les profondeurs du récif et qui étaient les mêmes donc en quelque sorte elles avaient développé des mécanismes pour vivre en profondeur. Et ensuite que le stress du blanchissement était moindre dans les profondeurs donc du coup, là on a commencé à implanter la pépinière à 12m et là cet été on a mis la même à 30m pour se dire, si on met les coraux de plus en plus profonds en quelque sorte on peut créer un conservatoire naturel in situ. Et l'objectif c'est d'arriver à mettre 50% des espèces de Moorea.

De retour au laboratoire du CRIOBE, les chercheurs continue d'étudier les coraux. Plusieurs espèces ont été ramenées dans ces grands aquariums.
Pour suivre un événement qui ne se produit qu'une fois par an.
Après la tombée de la nuit.
En mer comme en laboratoire, tous les coraux de la même espèce se mettent à pondre. Simultanément.
Des petites boules roses remontent à la surface.
Elles contiennent les gamètes des coraux.

ITW
C'est un agrégat d'oeufs et de spermatozoïdes et on va les casser parce qu'ils se cassent naturellement au bout d'une demie heure et après on va pouvoir séparer les oeufs du sperme et après on peut faire des fécondations du coup en croisant des individus qui sont génétiquement différents entre eux.

Mais ces individus ne sont pas choisis par hasard.
Les coraux sélectionnés sont ceux qui ont résisté à la dernière vague de blanchissement. L'idée, créer des bébés coraux qui s'adapteront mieux au changement de température.

ITW
On va faire des croisements génétiques et on va comparer avec une population totalement inconnue pour savoir si en quelque sorte ces coraux qui sont soit disant plus résistants est-ce qu'en gros ils transfèrent leur capacité de résistance à leur descendance.

Pour connaitre les résultats, il faudra patienter plusieurs années.

Quelques jours après la nuit de ponte, le corail est encore difficile à voir à l'oeil nu.
Les larves se sont fixées sur ces plaques.
Pour l'instant, on décèle uniquement des petits points blancs, là où le corail commence à se développer sur le support.

ITW Camille
Ici on voit des recrues coralliennes, donc c'est des bébés coraux. Ce sont des larves qui se sont fixées sur le substrat et qui ont commencé à produire leur squelette calcaire et du coup qui commencent à se diviser, à la base on a un seul polype, c'est l'animal de base et puis il va se diviser par clonalité et ça devient une colonie.

En plus de la génétique, l'équipe expérimente d'autres techniques, comme la restauration assistée. Aider le corail à se réimplanter dans des endroits dévastés.
Comme ici, à 6 mètres de profondeur. Après une vague de blanchissement, des algues ont envahi les lieux. Et le corail peine à s'y réimplanter.
Les chercheuses désherbent certaines zones pour voir si les bébés coraux s'y installent davantage.

ITW
On a fait des carrés de 9m2 avec l'idée de regarder si on enlève les algues à la main, est-ce qu'on va faciliter le recrutement corallien ?
On sait que quand les algues dominent sur le récif corallien et bien ça limite, ça inhibe en quelque sorte le recrutement corallien, qui est l'arrivée de nouveaux bébés coraux, donc là l'objectif c'est de regarder si en enlevant les algues, on va faciliter leur arrivée et le mois prochain, même on forcera en quelque sorte la colonisation par les larves parce qu'on rajoutera des larves sur ces carrés pour voir si elles s'implantent mieux une fois que les algues sont parties.

Une autre piste est de trouver des matériaux innovants.
Tous les six mois, ces plaques sont ramenées en laboratoire pour examiner le développement des coraux. Ils sont encore tous petits.

ITW Camille
Pour trouver des coraux c'est assez difficile du coup j'utilise des lunettes jaunes et la lampe UV et avec ça je les vois parce qu'en fait les coraux sont fluorescents.

Soudain, sous la lampe à UV, les colonies s'illuminent.
Les scientifiques comparent cette plaque de PVC à d'autres matériaux pour voir où le corail s'implante le mieux

ITW Camille
On a testé pleins de matériaux innovants, on a du béton qui a été façonné par une imprimante 3D, on a du béton qui est très léger, très poreux. On voit bien qu'il y a une influence des matériaux artificiels sur le nombre de coraux et ce qu'on a trouvé surtout c'est que plus le matériau est complexe, donc plus il a de reliefs et d'anfractuosités et bien plus on va trouver de bébés coraux dedans.

Grâce à ce projet, un jour peut-être des récifs détruits seront complètement reconstruits artificiellement.
La course contre la montre est lancée, face au réchauffement climatique qui est déjà en cours.
Si rien n'est fait au niveau mondial, chaque dixième de degré supplémentaire aura un effet sur le récif corallien.
Ces paysages magnifiques sous-marins recouverts de coraux seront amenés à changer.
Et tout son écosystème en sera chamboulé.
La recherche sur les coraux permettra peut-être de gagner du temps.
Faire en sorte que la vie marine en profite encore longtemps.

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