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© CNRS - 2023
Numéro de notice
7685
BathyBot, le robot des profondeurs
Plus d'un an après sa mise à l'eau, BathyBot vient de s'éveiller au fond de la mer Méditerranée. Plongez aux côtés de ce robot téléopéré depuis la surface, le premier à être installé de façon permanente à 2400 mètres de profondeur pour au moins cinq ans. Accompagné d'un récif artificiel et d'une batterie d'instruments, BathyBot permettra d'étudier la biodiversité, la bioluminescence et les processus biogéochimiques des fonds marins.
Imaginé scientifiquement par les équipes de l'Institut méditerranéen d'océanologie (CNRS/Aix-Marseille Université/IRD/Université de Toulon) et techniquement par la Division technique de l'Institut national des sciences de l'Univers du CNRS, BathyBot embarque des capteurs pour mesurer de nombreux paramètres : température, salinité, vitesse et direction du courant, flux particulaire et concentration en oxygène. Il analysera la bioluminescence environnante à l'aide d'une caméra hyper-sensible. BathyBot permettra d'étudier la biodiversité des grands fonds sur son site d'opération, l'impact des mouvements d'eau sur ces écosystèmes, le cycle du carbone et son évolution dans les profondeurs face aux perturbations atmosphériques, mais aussi l'acidification, avec l'évolution de la température et de l'oxygénation, des eaux profondes méditerranéennes. Téléopéré depuis la terre ferme, il sera les yeux des scientifiques dans ce monde inconnu.
Durée
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Son
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Transcription
Commentaire :
Il pourrait ressembler à un jouet. Des yeux asymétriques, une couleur jaune. Mais BathyBot, c'est en réalité un précieux instrument scientifique. Ce robot permettra bientôt d'explorer l'océan profond. Derniers réglages pour Christian Tamburini et son équipe avant de le déposer à 2400 mètres de profondeur. Étonnamment, les abysses ont été peu étudiées. Pourtant, sous la surface les fonds marins sont profonds : 3500 mètres en moyenne.
Christian TAMBURINI :
BathyBot, pour moi, c'est un vecteur de communication pour expliquer que l'océan est un océan profond et qu'on a besoin de comprendre cet océan. On a besoin de comprendre la vie qui peut se développer au fond. On connaît pas mal ce qui se passe sur la surface des océans. Mais d'un point de vue changement climatique et cycle du carbone, on a finalement peu d'informations, au fond.
Commentaire :
Nous sommes début 2022. La mission va bientôt commencer. Sur le port de Toulon, BathyBot a pris place à bord du navire scientifique : le « Pourquoi pas ? ».
C'est parti pour une mission de dix jours où une centaine de chercheurs et de marins vont collaborer. L'objectif : mettre à l'eau des instruments de pointe pour mieux comprendre les fonds marins. Le bateau s'élance. Il ne naviguera que quelques heures pour atteindre la zone de travail, à seulement 40 kilomètres au large de Toulon. En mer Méditerranée, le fond devient profond très vite. Une aubaine pour les scientifiques.
2 h du matin, on s'active sur le pont du bateau. Voici la première mise à l'eau de la mission : cette plateforme jaune, appelée boîte de jonction scientifique, est en fait une rallonge et une multiprise. Elle apportera à la fois le courant et Internet aux instruments posés au fond. De quoi récupérer les données en continu. Carl Gaujac est l'ingénieur qui a conçu ce dispositif. Il vient de suivre cette opération méticuleuse, en haut du bateau, sur la passerelle.
Carl GOJAK :
J'aimerai bien le recaler sur…, revenir à l'ouest.
On est en train de procéder au déploiement de la boîte de jonction scientifique qui va être posée à 2440 mètres de profondeur exactement, à l'endroit où nous sommes. C'est une opération délicate au moment de la mise à l'eau, parce que c'est comme un objet qui fait quatre tonnes, qui fait six mètres de long, trois mètres de large, et d'autres points délicats, ce sera au moment de la pose pour essayer de poser le plus proche possible de la position qu'on a définie par avance.
Commentaire :
Quelques heures plus tard, c'est au tour du robot BathyBot. Celui-ci est bien plus léger, il ne pèse que 50 kilos, une fois dans l'eau. La descente doit s'effectuer très lentement. L'opération est délicate. La tension se fait sentir. Pour ce chercheur, c'est l'aboutissement de cinq années de travail.
Christian TAMBURINI :
Il n'est pas encore arrivé au fond. Je serai soulagé quand, quand déjà cette manoeuvre sera finie. Mais bon ça va bien se passer. Et quand on sera au fond et quand et quand on ira vérifier que tout va bien.
Commentaire :
Et pour aller voir en bas, l'équipe a mobilisé le Nautile, un petit sous-marin très mobile avec trois personnes à bord. Equipé d'un bras et de caméras performantes, le Nautile, c'est un peu les yeux et les mains des scientifiques dans les abysses. Dés des 100 mètres de profondeur, la lumière ne passe plus. Il n'y a plus que l'éclairage du sous-marin.
Arrivée sur place, voici la boîte de jonction scientifique. Les images semblent irréelles. Il y a aussi BathyBot, mais on peut voir qu'un câble s'est détaché pendant la descente. La laisse du robot a créé un noeud à 2400 mètres de profondeur.
Carl GOJAK :
Donc effectivement, la laisse pendant la descente a…, s'est décrochée et s'est mise à flotter. C'est une laisse flottante. Donc on a quelques, quelques noeuds, quelques boucles à défaire sur le fond avec le Nautile, donc c'est la première, c'est la première action qu'on fera en arrivant sur le fond lors de la prochaine plongée.
Commentaire :
À cette profondeur, BathyBot étudiera un phénomène très répandu mais peu connu : la bioluminescence. Trois quarts des animaux marins en sont dotés. A l'aube, c'est justement le moment idéal pour pêcher des organismes bioluminescence avec un filet à plancton. Les scientifiques profitent de la mission pour récolter quelques spécimens qu'ils étudieront pendant plusieurs jours en laboratoire.
Marthe VIENNE :
Mais qu'on ne sait pas, c'est quel est leur rôle. Quel est le rôle de la bioluminescence dans les interactions entre les espèces et entre les individus d'une même espèce ? Il y a des interactions qui sont plus ou moins connues, comme la reproduction, pour faire fuir un prédateur, pour attirer une proie. Mais encore, il y en a plein, on ne sait pas voilà. C'est encore un gros champ de découverte.
Commentaire :
Et pour permettre à BathyBot de filmer un maximum d'organismes bioluminescents, il aura à côté de lui un récif artificiel : BathyRif, c'est une rampe qui permettra au robot de prendre de la hauteur et aussi d'activer le mécanisme de bioluminescence de certains êtres vivants.
Christian TAMBURINI :
Le fait qu'il ait plein d'infractuosités à l'intérieur, Bathyrif. Ça, ça va nous permettre aussi d'augmenter nos chances de voir des organismes bioluminescence. Les organismes bioluminescence peuvent faire de la lumière, mais il n'en forme pas forcément en continu. Et une des propriétés de certains organismes, notamment les organismes planctoniques, c'est à dire qu'ils se laissent dériver avec avec les courants, c'est que lorsqu'on les stimule mécaniquement, c'est à dire si on les touche ou s'ils passent à travers quelque chose qui le cogne ou alors lié à du courant, ils vont réagir un peu en émettant de la lumière.
Commentaire :
Quelques mois plus tard, le Nautile a réussi à démêler la laisse de BathyBot. Si la connexion à la boite de jonction a fonctionné parfaitement, un problème technique a retardé les opérations. Après plus d'un an au fond, de l'océan sans pouvoir communiquer, Betty Bott a enfin ouvert les yeux et a transmis ses images. Grâce à ses nombreux capteurs et sa caméra hypersensible, il produira des données en continu. De quoi découvrir la vie encore secrète du monde des abysses.