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© CNRS - 2020
Numéro de notice
6861
Cité creusée dans la roche (La)
Une équipe de recherche franco-éthiopienne tente de comprendre le passé complexe de Lalibela, l'un des plus importants sites chrétiens d'Afrique, situé en Éthiopie. L'objectif de cette coopération est de déterminer les étapes successives de creusement des onze églises du site afin d'étudier l'histoire de Lalibela sur le temps long.
En parallèle des fouilles archéologiques, un programme de numérisation est en cours. Des ingénieurs travaillent sur la modélisation 3D interne comme externe du site, dans un but de protection et de conservation des lieux.
Durée
Année de production
Définition
Couleur
Son
Version(s)
Support Original
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Transcription
Lalibela. On l'appelle la Jérusalem d'Ethiopie. Un site d'une incroyable complexité faite de tranchées et de galeries. Des salles majestueuses attirant les fidèles de tout le pays. Le tout creusé dans la roche volcanique des hauts plateaux éthiopiens et s'articulant autour de onze églises monumentales.
Selon l'histoire locale, le roi Lalibela aurait fait creuser le site sous sa forme actuelle à la fin du 12ème siècle. Après 24 ans de travaux, il en aurait fait le centre de son royaume chrétien.
L'historienne Marie-Laure Derat et son équipe, étudient ce vaste complexe depuis plus de dix ans. Et leurs recherches semblent indiquer que l'histoire serait en fait bien plus riche...
ITV Marie-Laure Derat, historienne
On a repéré des anomalies - des choses qui logiquement ne devraient pas exister. Par ici on a une anomalie qui est assez typique, c'est qu'on a un escalier qui a été creusé, et évidemment, il n'a pas été creusé pour déboucher dans le vide avec plusieurs mètres de vide au bout. Donc pour que cet escalier soit compréhensible, il faut estimer qu'il y avait un sol au bout de cet escalier et sans doute une cour totalement pleine ici qui permettait d'accéder de part et d'autre de cet espace totalement détouré, creusé.
Confirmer ces étapes successives de creusement fait partie des grandes priorités pour comprendre l'histoire de Lalibela sur le temps long. Mais le fait même que le site ait été façonné par excavation et non pas construction pose de nombreux défis aux archéologues qui souhaitent retracer son passé...
ITV Romain Mensan, géoarchéologue
Vu qu'ils creusent des églises, ce site est un anti-site archéologique. C'est à dire que l'on n'a pas de stratigraphie conservée, évidemment, puisqu'au fur et à mesure qu'ils creusent, ils effacent les traces antérieures...
Les traces sont effacées au niveau des églises. Mais chaque creusement a créé de grands volumes de déblais… des matériaux qui se sont accumulé au fil des étapes, jusqu'à former des collines un peu partout sur le site. Des collines qui peuvent, quant à elles, être fouillées...
ITV Romain
On a pu observer deux apports de déblais dans ce grand tas. Le substrat avait un très grand pendage. Tous les débris provenant d'un premier creusement de l'église suivait parfaitement bien ce pendage. Après on a un arrêt de l'apport de ces débris, la formation d'un sol, c'est un sol qui peut être tout à fait naturel, il suffit en fait de laisser la végétation progresser, du coup quand ça s'enfouit, ça fait un sol organique, qu'on repère très très bien lorsque l'on nettoie après, et après ce niveau de sol, on a une reprise d'apport de débris qui nous prouve qu'il y a une deuxième phase de creusement des églises.
Non seulement cette colline de déblais renferme des indices expliquant les phases de creusement des monuments… elle a également caché, pendant des centaines d'années, les vestiges d'une occupation bien plus ancienne qui semble tout aussi monumentale. Ces grands blocs qui émergent sur le côté du remblais dateraient de deux siècles avant le règne du roi Lalibela et la fondation de ses églises. Toute une histoire du site qui reste encore à écrire...
Les indices confirmant les différentes phases de creusement des monuments de Lalibela ne sont pas les seules informations précieuses préservées dans cette colline de déblais…
L'équipe s'intéresse notamment à ces grands blocs de pierre - vestiges d'un mur massif qui daterait de deux siècles avant le règne du roi Lalibela et la fondation de ses églises. Toute une histoire du site, qui reste à écrire...
ITV Marie-Laure Derat
Disons que quand on fait des murs avec des blocs aussi énormes, on les élève très très haut. Sinon ça n'a pas de sens de faire des murs qui vont faire deux-trois niveaux. Ca n'a vraiment aucun sens. Donc vraisemblablement c'était très très haut. Jusqu'où, on ne sait pas. Et surtout l'autre information qu'on réalise, c'est que si les blocs sont de si grosse taille, ca veut dire vraisemblablement qu'ils ont été débité sur place. Donc potentiellement on n'aura pas accès à la roche mère, au bedrock, sous le tas de déblais, mais plutôt à déjà des aménagements du rocher lié au débitage des blocs et puis sans doute à des aménagements et de l'occupation.
Les travaux de recherche de Marie-Laure et son équipe s'inscrivent dans un projet de coopération franco-éthiopienne qui vise non seulement à comprendre longue histoire de Lalibela, mais également à protéger ce site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.
Un des programmes phare de cette coopération : la numérisation du site.
Pour créer la copie numérique de Lalibela dans toute sa complexité, les ingénieurs d'Archéovision, spécialistes du patrimoine, visitent chaque galerie, chaque salle pour en photographier les moindres recoins.
Séquence photos.
La géométrie de chaque lieu est également relevée grâce à un scanner laser.
Les endroits en hauteur quant à eux sont photographiés grâce à un drone.
Toutes ces données permettent de créer le modèle 3D de Lalibela… extérieur, comme intérieur…
ITV Loïc Espinasse, ingénieur 3D
L'idée, c'est déjà d'avoir un état des lieux du site à un instant donné. C'est très important parce que justement, c'est un site qui évolue dans le temps et qui va évoluer en fonction de la conservation que l'on va pouvoir en faire.
Ambiance Loïc devant l'ordinateur
On a des fantômes des gens qui sont passés pendant la numérisation. C'est pas très grave - après c'est un boulot de nettoyage qu'il y a à faire dans le modèle. Mais par contre, à partir de ça, on peut travailler sur des coupes - donc là on a une coupe du bâtiment - qu'on peut déplacer…
ITV Loïc
Donc ça sert à pouvoir travailler sur ces données là quand on n'est plus sur le site déjà, et puis voir des choses qu'on va pas forcément voir - on voit les peintures qui vont être plus difficiles à voir quand on est dans l'église avec la lumière qu'il y a dans l'église, - donc on peut amener une meilleur lisibilité de certains éléments et puis une vision globale de tout le site…
Ces travaux de recherche se poursuivront encore pendant de nombreuses années - en parallèle aux efforts déployés pour assurer la conservation de ce patrimoine sacré, et fragile. Un nouveau chapitre qui vient s'ajouter à la longue et complexe histoire de Lalibela… qui n'a pas fini de traverser les âges...