Des pesticides naturels issus des océans

Transcription

Commentaire voix-off :
Les algues et les micro-algues ont colonisé les océans, il y a des milliards d'années, et ont donné naissance aux plantes. En s'adaptant en permanence, les micro-algues ont développé des mécanismes uniques de défense biologique. Ne pourrait-on pas s'inspirer de ces mécanismes afin d'envisager des pesticides naturels qui n'auraient aucun effet sur l'environnement et la santé humaine ?

CRENN Klervi :
La vie sur la terre a commencé dans les océans par des micro-organismes puis des micro-algues. Les micro-algues, c'est un micro-organisme unicellulaire qui a la capacité de faire la photosynthèse et qui vit dans un milieu aquatique. Les algues et les micro-algues ont développé, au cours de leur évolution, différents mécanismes pour leur permettre de lutter contre différents agresseurs. Les micro-algues, par leur bagage génétique, ont la capacité à produire certaines molécules qui vont pouvoir avoir un effet sur des pathogènes.
Donc, par exemple les micro-algues peuvent produire des molécules qui peuvent s'attaquer directement aux bactéries ou aux champignons.

Les différentes espèces, même les différentes souches, produisent tout un arsenal de molécules. Et, en fonction des souches, on va avoir des molécules différentes qui vont être produites. Donc, nous par exemple, ici chez Immunrise, on travaille sur différentes souches et même parfois des souches d'une même espèce ne vont pas avoir les mêmes effets parce qu'elles auront produit des molécules différentes.

Il y a deux axes de recherche pour aider à la protection des plantes au niveau de l'entreprise. On travaille, d'une part, sur la stimulation des défenses des plantes et d'autre part sur directement aller attaquer le pathogène qui peut être responsable d'une maladie.

Commentaire voix-off :
L'entreprise Immunrise a eu l'idée de tester l'effet de ces molécules sur les maladies courantes des cultures et des plantes provoquées par des champignons comme le Mildiou ou le Botrytis. Quels sont les résultats de cette démarche qui s'appelle le biocontrôle ?

CRENN Klervi :
Les résultats, c'est l'ensemble de nos travaux de recherche, donc je pourrais vous en parler très longtemps. Mais, par exemple, si on s'intéresse en particulier à l'extrait D, C'est un extrait de micro-algue de la lettre D, puisqu'on avait testé différents extraits, on les avait codifiés avec les lettres A, B, C, D, E, etc...
Notre extrait de micro-algue permet d'attaquer directement le spore de champignon, le rendre perméable, c'est-à-dire le rendre poreux, ce qui empêchera son développement et sa germination.

Grâce à un partenariat avec l'INRA de Bordeaux, nous avons validé l'effet antifongique de notre extrait D contre le mildiou de la vigne. Et l'INRA de Bordeaux avait également trouvé une inhibition à 50% du botrytis, et nous avons poussé les recherches, ensuite, ici dans notre laboratoire et en augmentant les doses de notre extrait, on arrive à une inhibition à 100% de botrytis.

Cette année nous avons testé nos extraits chez quatre viticulteurs. Ils mettent le produit dans leurs pulvérisateurs et ils peuvent pulvériser les vignes de la même façon qu'ils le font avec leurs produits. Nous avons réussi à obtenir des résultats très concluants puisque nous avons réussi à protéger les vignes que nous avons testées cette année.

La grande différence avec les produits chimiques et nos extraits à base de micro-algues, c'est surtout la biodégradabilité de nos produits. Cet extrait a la capacité à se dégrader naturellement dans l'environnement. Nous avons même fait des analyses sur les vignes que nous avons traitées pour essayer de voir si nous retrouvions des résidus de nos molécules sur le raisin. Et nous ne trouvons aucune trace de nos produits sur le raisin que nous avons traité.

Au sein de l'entreprise, nous avons pour objectif d'avoir une unité de production à l'échelle industrielle de ces micro-algues. Les micro-algues sont cultivées dans une eau de mer qu'on enrichit avec des nutriments pour leur permettre de se développer.
Et nous faisons des cultures actuellement dans des systèmes tubulaires pour favoriser la croissance des algues.

La France est actuellement en plein dans le plan éco-phyto. Elle a pour objectif de réduire de 50% l'utilisation des produits phytosanitaires d'ici 2025. Et nous, nos produits sont des alternatives à ces produits phytosanitaires. Les solutions de biocontrôle en général sont des alternatives aux produits phytosanitaires. Notre produit est efficace contre différents pathogènes de plantes. Il est efficace notamment contre des maladies qu'on retrouve chez la tomate, chez la pomme de terre, des maladies qu'on retrouve aussi dans les semences de blé par exemple. Potentiellement, notre extrait pourrait avoir un marché plus important que celui de la vigne en s'adressant à différentes cultures.

Commentaire voix-off :
Ces pesticides naturels sont un espoir pour une agriculture innovante, libérée de la chimie de synthèse, qui protège la biodiversité et la qualité des sols, au bénéfice des agriculteurs, des consommateurs et de la nature.