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© CNRS - 2023

Numéro de notice

7637

Au chevet des rivières d'Arizona

La sécheresse devient un problème planétaire. Certaines régions du globe font face à un manque d'eau extrême. Direction l'Arizona où une méga-sécheresse persiste depuis maintenant vingt ans. Là-bas, un groupe de chercheurs américains et français étudie les rivières intermittentes : des cours d'eau fragiles, qui ne coulent pas en permanence.
La rivière Santa Cruz s'étendait sur 300km. L'eau a permis l'implantation de villes et le développement de l'agriculture. Mais à force de pomper l'eau, la rivière s'est totalement asséchée. Depuis 2019, l'eau coule à nouveau sur certaines portions, grâce à des stations d'épurations qui renvoient de l'eau nettoyée dans son lit. La végétation revient également dans certaines zones.
Au sein de l'IRL IGlobes, Anne-Lise Boyer, géographe, et ses étudiants essayent de comprendre les interactions entre les habitants et cette rivière. Ici, les différents acteurs locaux ont décidé de s'unir pour avoir une gestion plus durable des ressources.

Durée

00:07:50

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HD

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VI

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Transcription


Commentaire voix-off :
Voici une rivière, ou plutôt son lit. Ici en Arizona, dans l'un des Etats les plus chauds des États-Unis, il n'est pas rare de voir des rivières à sec presque en permanence. Cela fait partie du paysage. Cela fait partie de son histoire. Mais comment redonner vie à des cours d'eau ? Comment protéger ceux qui sont menacés ? Ce sont des questions que se posent plusieurs chercheurs.
Voici la ville de Tucson. C'est ici qu'est implantée l'Université d'Arizona. Au sein de son immense campus se trouve le Laboratoire français du CNRS : IGlobe. Depuis plusieurs années, Anne-Lise Boyer, géographe, étudie les ressources en eau de la région. Elle s'intéresse particulièrement à la rivière Santa Cruz qui traverse la ville. Mais depuis un siècle, cette rivière s'est asséchée à cause du réchauffement climatique et des activités humaines.
Aujourd'hui, Anne-Lise Boyer est venue voir un tronçon où l'eau coule à nouveau. Grâce à une opération de la municipalité, la rivière a repris des couleurs.

Anne-Lise Boyer :
Juste là, en fait, c'est la sortie d'eau du projet HERITAGE. C'est un réseau de tuyaux qui apporte l'eau traitée pour la déverser ici dans la rivière. Donc le but premier ici, c'est de faire de la recharge artificielle de la nappe phréatique. Et c'est aussi de créer un endroit dans la rivière qui soit remis en eau.

Commentaire voix-off :
Là où le lit de la rivière était laissé à l'abandon, presque à l'état de décharge, l'eau est désormais de retour. La vie revient, la végétation reprend ses droits. Cette opération a lieu dans trois endroits de la ville où les stations d'épuration locales rejettent de l'eau de bonne qualité. Maintenant, la Santa Cruz est redevenue ce qu'elle était avant une rivière intermittente. Une rivière intermittente, c'est soit un cours d'eau qui a des parties à sec et d'autres où l'eau coule, soit une rivière sèche pendant plusieurs mois de l'année et en eau lorsqu'il pleut.

Anne-Lise Boyer :
En fait on connaît très peu le fonctionnement des cours d'eau intermittents. Dans le contexte du changement climatique, c'est de plus en plus de rivières et de cours d'eau qui pourraient avoir un fonctionnement intermittent. Donc par exemple, on a pu voir en France cet été, il y a des rivières dont le débit a vraiment extrêmement baissé du fait de la sécheresse et il y a des cours d'eau qui, qui vont potentiellement devenir intermittents.

Commentaire voix-off :
Dans ce milieu semi-aride, une méga sécheresse s'abat depuis 2002. Rares sont les cours d'eau à couler tout au long de l'année. C'est pourtant le cas ici, à 75 kilomètres de Tucson. Voici un affluent de la Santa Cruz : voici Cienega Creek. Mais ce cours d'eau, lui aussi intermittent, s'affaiblit de plus en plus. Chaque année, un groupe se retrouve dans un ancien ranch : membres d'associations, agriculteurs, scientifiques et représentants d'institutions publiques. Tous se réunissent pour parler de l'état du cours d'eau et de l'écosystème qui en dépend. Parmi les participants, Larry Fisher, écologue américain qui collabore avec le laboratoire du CNRS IGlobe.

Larry Fisher :
L'un des aspects sur lesquels on travaille, c'est la sensibilisation du grand public, la transmission des valeurs du bassin versant, comment se comporter ici et surtout comment on peut soutenir le travail qu'on fait.

Commentaire voix-off :
Le groupe de travail ne s'intéresse pas qu'aux ruisseaux. Il collecte des données sur tout le bassin versant de las Cienegas. Un bassin versant, c'est cet espace géographique pentu qui entraîne toute l'eau qui coule vers un cours d'eau. Grâce aux observations scientifiques, ils peuvent ensuite agir collectivement.

Larry Fisher :
Nous, les scientifiques, nous contribuons en analysant les données obtenues. On peut donc apporter un éclairage sur ce qu'il se passe ici au fil du temps. On collecte des données sur l'eau, sur le climat, sur les espèces, sur la végétation. Et collectivement, on utilise ces données pour comprendre l'état du bassin versant.

Commentaire voix-off :
Après les discussions, il est temps d'aller voir sur place. Ce groupe s'intéresse à l'état de la faune et la flore aux abords du ruisseau car l'eau fait vivre tout un écosystème. Dans le désert de l'Arizona, on repère facilement les cours d'eau. C'est le seul endroit où les arbres poussent. Après plusieurs années de sécheresse extrême, de nombreux arbres sont morts faute d'eau. Or, cette année, les pluies ont été abondantes, ce qui est normalement une bonne chose. Mais cette fois, la crue a été trop puissante : elle a tout emporté.

Dennis Caldwell :
Ça correspond tout à fait aux prédictions sur le changement climatique. Une sécheresse record et des inondations records et il n'y a rien entre les deux. Après avoir perdu autant d'arbres et de plantes, si on a une crue exceptionnelle qui détruit tout, alors elle fait tomber ces arbres et les emporte, ce qui fait tomber d'autres arbres qui étaient encore vivants. Et ça détruit tout sur son passage. Mais comment peut-on stabiliser tout ça ?

Commentaire voix-off :
Les discussions vont se poursuivre pour trouver des solutions. En plus des données scientifiques, le comité se base également sur les observations des agriculteurs comme Ian Tomlinson, propriétaire de ce ranch. Il est la quatrième génération de sa famille à faire paître ses vaches dans les prairies de las Cienegas. Ce nom signifie « marais », car avant, ces terres étaient en fait un marécage.
Aujourd'hui, elles font partie d'une réserve naturelle et protégée. Pour Ian Tomlinson, il est crucial de ne pas épuiser les ressources.

Ian Tomlinson :
Nous sommes en quelque sorte les gardiens de ces terres, car on prend soin de l'eau, mais aussi de tout le reste. Parfois dans certains champs où il n'y a pas de pâture, on observe un effet d'étouffement. On commence alors à perdre certaines variétés d'herbes et on se retrouve avec une monoculture. Grâce à la pâture, les prairies se régénèrent perpétuellement.

Commentaire voix-off :
Ici, les habitants et les différents acteurs essayent de trouver des solutions face au manque d'eau. L'Arizona pourrait bien être une région sentinelle, un endroit confronté plus tôt que les autres à une problématique qui deviendra globale. Les solutions trouvées ici pourraient être adoptées en France dans plusieurs années. Il est donc nécessaire d'observer avec attention leurs effets. Même si l'Arizona et ses cactus nous semblent si lointains.

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