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© CNRS - 2020
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7352
Médaille de l'innovation 2020 : Franck Molina, chercheur en biotechnologies
Concepteur de cellules artificielles, Franck Molina reprogramme le vivant pour des applications de diagnostic. Il obtient ainsi des détecteurs rapides, bon marché, qui changent de couleur en présence de certains biomarqueurs. Ses travaux ont fait l'objet de nombreux transferts industriels.
Directeur de recherche CNRS au laboratoire Modélisation et ingénierie des systèmes complexes biologiques pour le diagnostic (Sys2Diag), qu'il dirige, Franck Molina est un pionnier de la biologie des systèmes. Cette discipline s'attache à simuler et à modéliser des systèmes biologiques complexes tels que les cellules. Mais à force de travailler sur les règles et les comportements du vivant, il s'est peu à peu orienté vers une approche inverse : « Pour simuler quelque chose, il faut en connaître les règles, explique Franck Molina. J'ai fini par vouloir utiliser ces dernières pour créer quelque chose de nouveau. » Il est alors entré dans le domaine de la biologie synthétique, dans lequel il s'attache à reprogrammer des cellules pour leur confier des tâches complètement différentes de leurs fonctions naturelles.
Franck Molina ne contrôle cependant pas les cellules à l'aide de l'ADN, jugeant le génome trop sensible aux mutations et donc pas assez fiable. Il emploie des techniques informatiques et microfluidiques pour fabriquer entièrement des systèmes biologiques, et les « programmer » en visant principalement des applications de santé et de diagnostic. Des milliers de cellules peuvent ainsi être produites à la seconde, programmées comme des biomachines biodégradables.
Ses créations permettent en particulier des diagnostics ultrarapides, peu coûteux et réalisables par les patients eux-mêmes. Par exemple, le simple changement de couleur d'une bille dans les urines indique l'insulinorésistance, un état précurseur du diabète. Elles pourraient à terme servir à détecter des pesticides. Pendant la crise Covid, il a également mis au point en quelques mois avec ses équipes, le test salivaire "Easycov". Les résultats des recherches de Franck Molina ont conduit à la création de la société DiaDx et à des transferts industriels avec des entreprises telles que Skillcell, BioRad, Alcediag, Tronico.
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Transcription
[musique]
Franck Molina
Quand je suis arrivé au CNRS, je voulais simuler le vivant. Les gens m'ont répondu, attends, c'est de la science-fiction, fais attention, etc. Or ça, je trouvais ça justement stimulant.
Pour moi, l'innovation de rupture, c'est lorsque tout le monde nous dit que c'est pas possible, mais qu'on a quand même une idée de comment y arriver.
Nos technologies sont complètement biomimétiques ou inspirées de la nature.
[musique]
Voix-off - Commentaire
En observant les cellules humaines, Franck Molina et son équipe ont conçu les Skillcells, des cellules artificielles augmentées.
Elles peuvent réaliser des diagnostics rapides et remplacer des appareils sophistiqués.
On peut programmer ces cellules pour qu'elles détectent les pesticides sur des aliments ou qu'elles repèrent le pré-diabète chez un patient à partir d'un test urinaire. Et à l'avenir, à partir d'une prise de sang elles pourraient même dépister la dépression et la bipolarité.
Le laboratoire a pu récemment démontrer l'efficacité de sa technologie SkillCell pendant la crise Covid.
Franck Molina
Pendant la crise Covid, on a mis au point en deux mois et demi un test salivaire destiné à être utilisé sur le terrain, qui, après une chauffe, on va dire, d'une heure à 65 degrés, nous permet juste avec une petite coloration de pouvoir dire on est infecté ou on n'est pas infecté.
Quand on a vu que le test commençait à fonctionner, après on a eu des déconvenues, des déceptions, on était au fond du trou, on a même Tony Parker qui nous a fait une petite vidéo de soutien qui a reboosté les troupes.
Tout le monde s'est vraiment serré les coudes pour faire quelque chose où on n'avait aucune certitude au départ et qui finalement est un succès, et pas seulement scientifique puisque l'entreprise a d'ores et déjà des sollicitations partout dans le monde.
Voix-off - Commentaire
D'après les dernières études cliniques, quarante minutes après le test, le taux de fiabilité d'EasyCov est de 87%.
La mission des chercheurs est de réduire encore son temps de détection et d'augmenter sa sensibilité.
Le développement d'un test diagnostic peut prendre jusqu'à 6 ans. C'est le parcours professionnel de Franck Molina qui lui a permis de faire face à l'urgence.
Franck Molina
Tout chercheur, ce qui lui fait briller les yeux, c'est la recherche fondamentale. Et en même temps, quelque fois on rêve que ça serve à quelque chose pour le grand public, et que ces gens sachent au moins à quoi on sert.
J'ai travaillé dans le privé et ensuite j'ai voulu revenir dans le public pour faire un autre type de recherche et je me suis rendu compte que finalement, ces recherches étaient très proches, mais elles ne parlaient pas le même langage.
Quand on arrive à faire travailler ces gens ensemble, et bien on accumule des complémentarités qui nous permettent d'aller plus vite, plus fort et quelque fois mieux parce qu'on a des visions complémentaires, y compris en termes de savoir-faire.
[musique]
Franck Molina
Toutes les difficultés que j'avais à être dans une case d'une discipline, puisque je croisais les disciplines, au CNRS, elles y sont toutes ces disciplines. Et donc c'est à la fois un milieu où on est très challengé, parce qu'il y a de la science au CNRS, et en même temps où les possibilités sont infinies d'aller chercher des collaborations, développer ses projets.
[musique]