Summary
Directeur de recherche CNRS au laboratoire Modélisation et ingénierie des systèmes complexes biologiques pour le diagnostic (Sys2Diag), qu'il dirige, Franck Molina est un pionnier de la biologie des systèmes. Cette discipline s'attache à simuler et à modéliser des systèmes biologiques complexes tels que les cellules. Mais à force de travailler sur les règles et les comportements du vivant, il s'est peu à peu orienté vers une approche inverse : « Pour simuler quelque chose, il faut en connaître les règles, explique Franck Molina. J'ai fini par vouloir utiliser ces dernières pour créer quelque chose de nouveau. » Il est alors entré dans le domaine de la biologie synthétique, dans lequel il s'attache à reprogrammer des cellules pour leur confier des tâches complètement différentes de leurs fonctions naturelles.
Franck Molina ne contrôle cependant pas les cellules à l'aide de l'ADN, jugeant le génome trop sensible aux mutations et donc pas assez fiable. Il emploie des techniques informatiques et microfluidiques pour fabriquer entièrement des systèmes biologiques, et les « programmer » en visant principalement des applications de santé et de diagnostic. Des milliers de cellules peuvent ainsi être produites à la seconde, programmées comme des biomachines biodégradables.
Ses créations permettent en particulier des diagnostics ultrarapides, peu coûteux et réalisables par les patients eux-mêmes. Par exemple, le simple changement de couleur d'une bille dans les urines indique l'insulinorésistance, un état précurseur du diabète. Elles pourraient à terme servir à détecter des pesticides. Pendant la crise Covid, il a également mis au point en quelques mois avec ses équipes, le test salivaire "Easycov". Les résultats des recherches de Franck Molina ont conduit à la création de la société DiaDx et à des transferts industriels avec des entreprises telles que Skillcell, BioRad, Alcediag, Tronico.