Transcription
Je suis Christian Vincent, donc je suis ingénieur de recherche CNRS et je travaille dans le laboratoire qui s'appelle IG20 (Institut des géosciences de l'environnement). Et ma spécialité, c'est l'étude des glaciers de montagne.
Donc ça concerne à la fois l'étude des glaciers en relation avec les changements de climats. Ça concerne aussi l'étude des processus de l'écoulement des glaciers, comment les glaciers s'écoulent, comment ils se déforment et comment ils glissent sur le lit rocheux.
Et puis, le troisième thème de ma recherche concerne les risques d'origine glaciaire et donc les risques potentiellement qui peuvent menacer les vallées.
Donc tout ça, ça nécessite à la fois des observations sur le terrain, donc je passe à peu près un tiers de mon temps sur le terrain. Donc, pour faire des choses basiques, par exemple, implanter des balises dans la glace pour mesurer la fonte ; ça consiste à faire des carottages, ça consiste à faire des forages en profondeur, à installer des capteurs en profondeur pour mesurer la température des glaciers ; ça consiste à faire des mesures radar pour mesurer les épaisseurs des glaciers, etc. Donc ça, ça occupe une bonne partie de mon temps.
Et puis l'autre partie de mon temps, c'est l'analyse de données, le traitement des données, les publications, l'encadrement des étudiants, puis l'administration quand même, qui représente une part assez lourde finalement.
Donc l'étude des glaciers, elle se fait à partir d'observations d'abord. Donc, avec un de mes collègues, on a créé l'Observatoire des glaciers « Glacioclim » : ça comprend des glaciers en France, mais ça comprend aussi des glaciers à l'étranger, notamment au Népal et dans les Andes. Donc j'ai été amené à travailler aussi au Népal et en Bolivie. Donc avec des collègues étrangers. Ça évidemment, c'est très riche aussi.
Alors dans ce métier de la recherche, il y a plusieurs choses qui me motivent. En fait, il y a l'aspect, il y a d'abord, l'aspect de communication avec les collègues, la collaboration avec les collègues, pour faire en sorte que les gens communiquent et collaborent. Parce que finalement, dans la recherche, on s'aperçoit qu'il y a quand même de la compétition interne.
Notamment, il y a cette course aux publications, qui fait qu'il y a des tensions sur la liste des auteurs et il y a des gens qui se retrouvent isolés en recherche ; et à mon avis, c'est important de beaucoup communiquer, de collaborer et d'éviter ces tensions internes.
Mais dans les moments qui m'ont marqué dans ma carrière, il y a notamment l'épisode de « Tête rousse », cette poche d'eau que l'on a découvert entre 2008 et 2010, qu'on a mis en évidence et qui menaçait potentiellement 3000 habitants à Saint-Gervais. Et là, j'ai dû intervenir, alerter la, le préfet de Haute-Savoie directement donc, qui m'a convié avec un de mes collègues, on a été convié à une réunion de crise à la préfecture et il y a des décisions qui ont été prises, donc avec le conseil départemental, et avec des représentants du conseil régional, le Sdis, la gendarmerie, etc… Et la décision, ça a été de vidanger, de pomper cette poche d'eau qui menaçait directement la vallée de Saint-Gervais.
Donc ça, c'est des choses qui m'intéressent beaucoup parce que c'est, ça permet de répondre à des sollicitations de la société civile, à des élus, parfois à des entreprises privées pour des aménagements ou à des exploitants de domaine skiable. Ça, c'est quelque chose que j'aime bien parce que ça permet de répondre à des questions très, très pratiques et qui nous rapprochent plus de la réalité que notre recherche sur les glaciers et le réchauffement du climat.