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6973
From emotion to data
Thanks to the testimonies of 1,000 people, the major research programme "13-November" studies how the memory of the November 2015 attacks is constructed. Information is gathered from emotions, intense memories and nightmares. How can these testimonies be transformed into data that can, then, be analysed by the scientific community?
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Transcription
OFF
08 :00
Que faisiez-vous, où étiez-vous le soir du 13 novembre 2015 ? La mémoire d'un événement dramatique semble laisser une trace indélébile dans nos cerveaux. Et pourtant les souvenirs se transforment, s'associent, s'influencent…
Des chercheurs tentent de déchiffrer la dynamique de la mémoire au fil des années… Leur protocole est scientifique ; leur matière première, ils la puisent dans les récits des rescapés, des secours ou de celles et ceux qui ont vécu le drame loin de Paris…
L'étude scientifique de la construction d'une mémoire collective doit s'appuyer sur de grandes quantités de données, d'histoires personnelles.
Charline Hellec fait partie des médiateurs ; celles et ceux qui se sont rendus sur les lieux mêmes des attentats et qui ont demandé aux habitants du quartier de livrer leurs souvenirs de ce dramatique 13 novembre…
00:57
Itw CHARLINE Hellec, médiatrice
Le sujet qui est au coeur de notre programme est un sujet délicat, cela donnait une dimension particulière à l'approche qu'on a pu avoir envers les personnes que l'on recherchait pour notre étude. On leur présentait ça vraiment du point de vue scientifique, ce qui pouvait les rassurer, parce que beaucoup de volontaires, notemment ceux qui ont été directement impactés ou ceux qui vivent ou travaillent dans les quartiers ciblés - le 10e, le 11e par exemple - avaient une certaine interrogation quant à notre démarche car ils avaient été beaucoup sollicités par les médias.
OFF
01 :32
Grâce à ce travail de terrain, 1000 volontaires ont été entendus par des enquêteurs lors d'entretiens filmés.
Ils ont été classés en quatre cercles. Le premier est constitué de survivants, de familles endeuillées, de forces de l'ordre ; le deuxième de résidants des quartiers touchés ; le troisième du reste de la métropole parisienne et enfin le quatrième, des habitants de trois villes éloignées.
Les entretiens se déroulent à l'Institut National Audiovisuel ou bien ici, à l'ECPAD, l'établissement chargé de la production audiovisuelle du ministère de la Défense. Ces entretiens permettront de constituer une gigantesque base de données de la mémoire du 13 novembre. Chaque volontaire sera interrogé par des enquêtrices et enquêteurs à quatre reprises, sur une durée de 10 ans.
02 :17
Itw Sophie BOIRE, enquêtrice
Les questionnaires filmés s'articulent en 2 parties. Une partie assez libre où l'on invite le témoin à faire le récit de son expérience, sachant que dans le protocole on nous demande de traiter certaines thématiques. Et une deuxième partie, plutôt composée de questions fermées ou semi fermées, où les réponses des témoins sont plus courtes
OFF
02 :46
Des historiens, des sociologues, des neuroscientifiques et d'autres chercheurs ont élaboré ensemble le questionnaire … Il suit un protocole extrêmement précis, mais n'oublie pas pour autant de prendre en compte l'état de stress post-traumatique de certains témoins.
03 :00
Itw Sophie BOIRE
Ce sont des témoignages qui peuvent être lourds en émotion, très chargés en émotion. Le protocole nous aide à garder cet objectif que nous sommes là pour collecter des données.
03 :15
Itw Carine KLEIN, coordinatrice du programme 13 novembre
On met l'humain au centre. C'est à dire on a un protocole d'entretiens. Nous avons nos perspectives scientifiques, nous avons nos perspectives d'études, mais ce qui compte c'est qu'on arrive à amener les personnes qui participeront à se décaler dans leurs histoires de vie, pour aller avec nous sur un chemin scientifique de dix ans.
OFF
03 :40
Plus de 2000 heures de vidéos ont déjà été collectées. Il faut maintenant transformer les souvenirs en informations utiles pour les chercheurs des différentes disciplines du programme. Pour que les récits puissent être analysées par des outils notamment statistiques – il faut passer de l'émotion à la donnée...
03 :56
Itw Denis PESCHANSKI, historien
La première étape ça va être la transcription speech to text, pour essayer d'arriver à des transcriptions rapides qu'on va ensuite nettoyer pour pouvoir accompagner nos vidéos de texte. Mais on s'aperçoit que cela ne suffit pas. C'est pour cela que c'est important l'image. L'image nous apporte tout ce qui va nous permettre de faire de l'analyse comportementale : l'analyse faciale, les comportements, les émotions à travers les visages, le son de la voix, il y a plein de pistes… Sociologues, historiens neuropsychologue… on a mis tout ça ensemble et on a essayé de construire quelque chose qui puisse être utilisé par les différents chercheurs dans les différentes disciplines.
OFF
04 :49
Les données ne viendront pas uniquement des récits des volontaires.
180 personnes parmi les 1000 de l'étude, se rendront à la plateforme d'imagerie cérébrale Cyceron de Caen. Elles passeront des tests neuropsychologiques et des IRM anatomiques et fonctionnelles. Il s'agira de mieux comprendre l'effet de ce traumatisme et son évolution dans le cerveau.
05 :13
Itw Francis EUSTACHE, neuropsychologue
Nous allons étudier les capacités qu'ont ou non les sujets à contrôler les intrusions…ce sont des images et pensées qui s'imposent au sujet et dont les sujets n'arrivent pas à se détacher. Etant donnée que c'est un sujet qui s'inscrit dans le temps, on va suivre les personnes pendant plusieurs années, et bien ça va nous permettre de nous renseigner sur les facteurs qui sont plutôt positifs, ou au contraire qui sont plutôt négatifs – les facteurs notamment de résilience - qui vont permettre à la personne de résister à cet état de stress post-traumatique.
OFF
05 :51
Parmi les questions auxquelles tenteront de répondre les chercheurs, une leur parait essentielle.
05 :56
Itw Denis Peschanski
Est-ce qu'on est en train de construire un grand récit commun partagé ? ou est-ce qu'on a des récits éclatés, entre par exemple ceux qui sont du cercle 1, au plus proche de l'événement, les victimes, les survivants, les parents endeuillés, et puis le reste de la population ou bien est-ce que tout ça, au fur et à mesure ne va pas fusionner pour construire un même récit, un même vocabulaire… La mémoire collective, la mémoire individuelle, elle n'est pas gelée, elle n'est pas figée au moment de l'événement, elle évolue.
OFF
06 :28
Les premiers résultats de l'étude « 13 novembre » devraient être livrés à l'automne 2017. Les conclusions finales sont attendues pour 2028, deux ans après les derniers entretiens.