Un chœur, des femmes. Anthropologie d'une harmonie

Femmes ukrainiennes répétant des chants liturgiques dans l’église Saints-Sergius-et-Bacchus-des-Ukrainiens, à Rome. Depuis plus de vingt ans, des femmes du monde entier, mais essentiellement d’Europe de l’Est, migrent pour s’occuper d’une Italie toujours plus vieillissante. Elles deviennent des "Badanti", des subalternes. Vivant toute la semaine chez leurs employeurs, le dimanche est leur unique jour de repos. Gréco-catholiques, elles se retrouvent dans leur paroisse nationale entre elles, entre femmes, pour partager leur journée à travers la liturgie, les répétitions, les repas, etc. C’est un fort moment de sororité et d’agency (capacité d’agir sur le monde) : à travers la musique et leurs voix, elles prennent une place qui ne leur était pas destinée originairement, les chœurs d’hommes ou mixtes étant d’usage dans les églises gréco-catholiques ukrainiennes, et incarnent ainsi la voix de Dieu. Durant la messe, elles prennent possession de l’espace sonore du lieu de culte et donnent voix, ensemble, aux autres subalternes également présentes dans l’assemblée. Cette image appartient à une série de deux photographies, lauréate du concours L’anthropologie en partage en 2022.