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© CNRS - 2024

Numéro de notice

7866

Dans la tête des athlètes

Les sportifs de hauts niveaux ne travaillent pas uniquement leurs muscles, ils entraînent également leurs cerveaux, grâce à la visualisation mentale. Pour rendre compte de ce phénomène, une équipe de scientifiques du CNRS étudient l'activité cérébrale d'Harmony Tan, joueuse de tennis professionnelle, lorsqu'elle s'imagine réaliser des gestes techniques. Conscients de l'importance de cette visualisation mentale, ils ont d'ailleurs mis au point un outil à disposition des sportifs, pour intégrer l'imagerie motrice dans leur préparation.

Durée

00:06:52

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HD

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Français

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Transcription


Commentaire voix-off :
Et s'il suffisait de s'imaginer cette prise délicate, ce lancer franc, cette balle de match, pour réussir le geste parfait ? Répéter le mouvement, encore et encore jusqu'à ce qu'il devienne une seconde nature, c'est la routine des athlètes de haut niveau en quête de performance. Et dans cette course vers la perfection, il n'est pas seulement question de contractions musculaires, il faut aussi « muscler » ses connexions neuronales. Le sport de haut niveau devient alors un objet d'étude scientifique.

La championne du jour s'appelle Harmony Tan, 26 ans, 90eme joueuse mondiale en 2022 et un coup de raquette… dévastateur. Comme beaucoup d'athlètes, Harmony est adepte de l'imagerie motrice, une pratique qui consiste à visualiser au repos les mouvements effectués lors des entrainements afin de les améliorer.

Harmony Tan
Souvent je le fais quand je suis off, au repos, pour pouvoir visualiser le coup, par exemple, que je veux travailler que ce soit en coup droit, en revers ou au service. Plus on le fait, mieux on arrive à l'exécuter sur le terrain donc il faut le faire vraiment tous les jours. Je pense que la partie mentale est assez énorme. La partie physique c'est vrai qu'elle est aussi très importante, et une partie aussi de tennis, mais je pense que la partie mentale nécessite plus de 50% dans un athlète de haut niveau.

Commentaire voix-off :
Mais que se passe-t-il réellement dans le cerveau des sportifs lorsqu'ils pratiquent cette visualisation mentale et peut-on les aider à l'optimiser ? C'est l'objet de l'étude menée par Camille Jeunet Kelway, chercheuse en neurosciences au CNRS. Elle vient rencontrer Harmony Tan pour la première fois afin de collecter des données sur son activité cérébrale.

Camille Jeunet Kelway
Cette pratique mentale là elle est vraiment intéressante d'un point de vue la performance parce qu'elle permet de solliciter des aires cérébrales qui sont similaires à celles qui sont sollicitées pendant l'exécution de mouvements, ce qui va permettre après d'améliorer la performance motrice. Dans les sports où il y a des gestes stéréotypés on va avoir vraiment beaucoup recourt à cette imagerie motrice qui d'ailleurs, et c'est prouvé, permet d'améliorer la précision de mouvements c'est-à-dire de diminuer la variabilité entre les mouvements.

Commentaire voix-off :
Les recherches sur l'imagerie motrice ne sont pas nouvelles, mais la miniaturisation permet aujourd'hui d'y associer des méthodes d'imagerie cérébrales en dehors des laboratoires, au plus près des sportifs. Grâce à des bonnets équipés d'électrodes, Camille enregistre en temps réel l'activité électrique des neurones d'Harmony lorsqu'elle visualise un coup droit ou un service. La scientifique travaille sur le « neurofeedback », une méthode permettant aux sportifs d'optimiser leurs performances mentales sur le long terme grâce à un logiciel spécialement développé.

Camille Jeunet Kelway
Il y a plusieurs moyens de faire de l'imagerie motrice. Une première manière c'est de faire ce qu'on appelle de l'imagerie motrice visuelle. Dans ce cas-là ce que l'on fait, on visualise des mouvements et c'est notre cortex visuel qui va être principalement impliqué, donc le cortex visuel qui est situé à l'arrière du cerveau. Il y a une seconde façon qui est de faire de l'imagination kinesthésique ce qui veut dire quand on imagine le mouvement se remémorer toutes les sensations liées à ce mouvements, sensations de pression, de température etc… Et ce type d'imagerie là va être associé à une modulation d'activité au niveau du cortex sensorimoteur et c'est cette modulation là située au niveau du cortex sensorimoteur qui va permettre d'avoir un effet bénéfique sur la performance motrice. C'est pour ça qu'il est important de guider les athlètes vers ce type d'imagerie motrice kinesthésique de manière à optimiser l'impact de l'entrainement cognitif sur la performance motrice.

Commentaire voix-off :
Pour analyser les données collectées sur Harmony Tan, direction l'INCIA, un laboratoire de neurosciences interdisciplinaire situé à Bordeaux. Il héberge une plateforme d'analyse du mouvement humain. Grâce à des outils comme la réalité virtuelle, la capture de mouvement, ou la stimulation cérébrale, les scientifiques tentent d'obtenir une vision d'ensemble de l'apprentissage du mouvement et du rôle qu'y tient le cerveau.

C'est ici que sont regroupées les données collectées par Camille et son équipe sur les différents sportifs qui participent à cette étude.

Camille Jeunet Kelway
Au moment où l'athlète visualise un mouvement, on fait de l'imagerie motrice, on va observer une diminution de l'activité cérébrale au niveau de ce cortex sensorimoteur. Ça va se refléter sur l'image ici par l'image qui va devenir bleue. C'est peut-être un peu contre-intuitif mais lorsque le cortex sensorimoteur est activé on a une diminution de l'amplitude du signal. Une fois qu'on aura colleté peut-être sur un mois environ, on pourra voir notamment si Harmony elle réussit à diminuer de plus en plus son amplitude au niveau du cortex sensorimoteur au cours des sessions.

Commentaire voix-off :
Ces informations vont aussi nourrir une recherche fondamentale sur le fonctionnement de notre cerveau. Au-delà des athlètes, cette recherche se concentre aussi sur des patients atteints de maladies dégénératives comme Parkinson. L'utilisation du neurofeedback pourrait aider à atténuer les certains symptômes.

Emeline Pierrieau
Dans la maladie de Parkinson on observe notamment un ralentissement du mouvement et il y a certains rythmes détectables par électroencéphalographie qui sont corrélés à la vitesse du mouvement. Ce qui fait qu'en venant les moduler par exemple avec l'entrainement par neurofeedback on peut potentiellement améliorer les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson.

Commentaire voix-off :
En attendant de voir le dispositif de neurofeedback étendus au-delà du domaine sportif, l'équipe de recherche a convié des coachs, des fédérations et des médecins à contribuer au développement de ce projet. En identifiant les besoins sur le terrain, les scientifiques espèrent concevoir des processus d'entrainement qui soient le plus adaptés possible aux athlètes. De quoi aborder les Jeux Olympiques de Paris 2024 avec un mental encore plus affuté.

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