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© CNRS - 2022

Numéro de notice

7395

Confidences de l'odorat (Les)

Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque l'on sent une odeur ? La perte d'odorat, qui touchait déjà une personne sur cinq avant le Covid-19, est-elle réversible ? Peut-on créer un nez artificiel ? Venez suivre une équipe du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CNRL) qui s'intéresse aux étonnantes interactions entre le cerveau et l'odorat.

Durée

00:07:12

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HD

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Français
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VI

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Apple ProRes 422

Transcription


Commentaire voix-off :
C'est un sens discret, qui ne se fait remarquer qu'au moment où il disparaît, l'odorat. Avec la pandémie à travers le monde, des personnes sont soudainement devenues anosmiques. Du jour au lendemain, elles ne pouvaient plus rien sentir. Or sans odorat la vie devient terne, l'appétit disparaît, même les mauvaises odeurs finissent par manquer. Au Centre de recherches en neurosciences de Lyon, on décrypte les mécanismes de l'odorat.

- On va commencer par la série une, Je sors les flacons.

Commentaire voix-off :
Pour cela, les chercheurs font régulièrement passer des tests à des patients qui se plaignent d'un déficit olfactif. C'est le cas de cette patiente qui a perdu l'odorat il y a un an, suite à une infection virale, probablement le COVID 19. D'un coup, son monde n'avait plus d'odeur. Depuis, elle a retrouvé l'odorat, mais certaines odeurs la font encore douter.

Dialogue :
- « Donc là, vous avez goudron, lilas, pin, concombre. Des choses assez différentes aussi.
- Pourtant cela ne me semble pas différent entre le goudron et le pin. »

Commentaire voix-off :
Pendant ce test, la patiente doit trouver quels sont les flacons qui contiennent des odeurs. Puis elle doit la reconnaître parmi quatre propositions. Grâce au nombre de bonnes réponses, Moustapha Bensafi, neuroscientifique, peut lui donner son diagnostic.

Moustapha Bensafi / patiente :
- « Pour vous, très bonne nouvelle ! Vous voyez le petit point rouge qu'il y a ici, ça signifie que vous êtes dans la zone de normosmie à 99%.
- Très bien. »

Commentaire voix-off :
La patiente a donc retrouvé un odorat normal. Pendant ces derniers mois, elle a également eu l'impression de perdre le goût. Rien d'étonnant : goût et odorat sont extrêmement liés.

Kenza DRARENI :
Ce qu'on appelle encore une fois de façon générale, le goût, c'est ce qu'on devrait appeler la flaveur et la flaveur, c'est une perception unitaire qui va prendre les signaux olfactifs, les signaux gustatifs, plus les signaux trigéminaux, donc du nerf trigéminal, et faire une image globale d'un aliment. Donc, finalement, si on reste juste sur la dégustation, on va percevoir le sucré, le salé, l'acide, l'amer et tout le reste, tout ce qu'on appelle les goûts, le goût du chocolat, de la fraise, la vanille, tout ça, ça va être apporté par l'olfaction.

Commentaire voix-off :
L'odorat est un sens très complexe. Moustapha Bensafi et son équipe appréhendent chaque jour un peu mieux le lien entre cerveau et odorat. Pour l'observer, ils font régulièrement passer des IRM à des volontaires. Pendant cet examen, différentes odeurs vont être diffusées. Les scientifiques pourront ainsi visualiser l'activité du cerveau.

- « Vous allez sentir des odeurs, vous allez devoir respirer naturellement par le nez quand le message vous indiquera sur l'écran. »

Commentaire voix-off :
À partir des résultats d'IRM d'une centaine de volontaires, les chercheurs ont réalisé des modèles pour voir les zones qui s'activent, comme ici, avec une odeur de beurre rance.

Moustapha Bensafi :
Là on voit que le lobe frontal s'active. Ici les régions de l'odorat s'activent, et puis, même pour cette odeur, une particularité, c'est qu'elles activent les régions du cerveau au niveau du lobe occipital, qui sont impliquées dans la représentation visuelle. Ça, ça veut dire que la perception des odeurs, c'est pas qu'une histoire de système olfactif, ça va bien au-delà, ça active les systèmes de la mémoire, des émotions, voire même ça recrute des zones de la vision pour avoir une représentation la plus complète de l'objet alimentaire qu'on a, qu'on a en face de nous.

Commentaire voix-off :
Mais les odeurs sont également très personnelles.

MaryLou Mantel :
Donc bonjour tout le monde. Aujourd'hui, on va faire une petite expérience sur la perception des odeurs et la différence entre vous tous.

Commentaire voix-off :
Marylou Mantel s'intéresse aux différences de perception entre individus, comme ici avec ce groupe d'étudiants de différentes nationalités. Chacun sent 4 fioles et décrit l'intensité de l'odeur, son plaisir ou son déplaisir à la sentir et à quoi elle lui fait penser. Les avis sont partagés.

Dialogue :
- « C'était plutôt agréable ou plutôt désagréable ?
- Agréable, pour moi, c'était agréable.
- OK
- Désagréable.
- (…) »

MaryLou Mantel :
C'est une odeur qui est très clivante, c'est-à-dire qu'y a des gens, soit vous l'aimez beaucoup, soit vous l'aimez pas du tout. Les odeurs, elles, sont très reliées à notre système émotionnel et à notre système de mémoire aussi. Et donc, par exemple, si c'est associé à des souvenirs positifs, des souvenirs négatifs, etc., ça peut influencer la manière dont on perçoit l'odeur et puis souvent les odeurs, c'est quelque chose d'assez intime. Si, par exemple, on sent des personnes, on va sentir nos proches qui vont avoir une odeur particulière, on va avoir notre parfum préféré, nos nourritures préférées. Donc ça touche à nos, à notre personnalité, et à la manière dont on vit notre vie.

Commentaire voix-off :
Notre histoire personnelle, notre individualité se reflètent dans notre odorat. Voilà pourquoi ce sens est si important. Pour redonner l'odorat à des personnes qui l'ont perdu, Moustapha Bensafi et son collègue ont pour projet de créer une prothèse olfactive. Dans le cadre du projet européen ROSE, ils collaborent avec de nombreux chercheurs. Pour cela, ils veulent utiliser la même technologie que ce nez artificiel qui digitalise des odeurs. Mais le premier défi, c'est de le rendre tout petit pour qu'il rentre dans une narine.

Moustapha Bensafi :
Donc actuellement, le nez artificiel fait la taille que vous voyez, ce qui représente à peu près une vingtaine de centimètres. Et dans le cadre du projet européen, on va essayer de le réduire à quelques centimètres. On va essayer de le miniaturiser et de le coupler à un stimulateur bioélectrique qui va stimuler le système olfactif, avec une stimulation spécifique pour chaque molécule odorante.

Commentaire voix-off :
Il faudrait donc mettre au point des stimulateurs qui interagiront avec les récepteurs olfactifs. Ils donneront des informations au cerveau, en fonction de l'odeur décelée. Cet outil pourrait changer la vie de nombreux patients. Le déficit olfactif touche une personne sur cinq. Et bien davantage depuis le début de la pandémie. On estime que 300 000 Français qui ont eu le COVID n'ont toujours pas retrouvé totalement leur capacité à sentir. Nombreux sont ceux à avoir découvert à ce moment-là la complexité de notre système olfactif. L'odorat, un sens bien mystérieux.

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