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© CNRS - 2025
Numéro de notice
8198
Obscurité en danger (L')
Nos écosystèmes sont-ils pollués par la lumière ? Des chercheurs de l'Observatoire de l'environnement nocturne déploient un réseau de capteurs à La Réunion. Photométrie, modélisation atmosphérique et aménagement du territoire leur offrent une compréhension fine de la pollution lumineuse.
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Son
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Transcription
Commentaire voix-off :
La lumière artificielle est l'un des marqueurs les plus visibles du progrès dans nos sociétés. En à peine un siècle, l'éclairage urbain a transformé notre rapport à la nuit. Partout, nos villes brillent de milliers de points lumineux installés pour prolonger nos activités, accompagner nos déplacements et façonner les paysages urbains. Mais lorsqu'elle est utilisée de façon excessive, superflue ou mal maîtrisée, cette lumière est dénoncée en tant que pollution lumineuse.
Samuel Challéat :
La problématique de la pollution lumineuse, elle reste d'actualité dans les territoires. On voit que certaines villes font des efforts pour éclairer moins, éclairer mieux, mais qu'on garde quand même des besoins de lumière artificielle, notamment pour nos usages sociaux de l'espace. L'objectif il est vraiment de cheminer vers un éclairé juste qui soit intégrateur d'une sobriété lumineuse, c'est-à-dire d'avoir un usage parcimonieux quand on en a besoin, aux endroits où on en a besoin, de la lumière artificielle.
Commentaire voix-off :
Les astronomes ont alerté sur cette pollution dès les années 1960. Depuis, l'urbanisation s'est traduite par une explosion de l'éclairage, à tel point que nos environnements nocturnes ne connaissent plus l'obscurité. Au-delà de la disparition du ciel étoilé, cette artificialisation de la nuit bouleverse l'ensemble du vivant pour qui l'obscurité est une ressource vitale. Comprendre la pollution lumineuse nécessite de la caractériser finement. Comment varie-t-elle dans le temps et l'espace ? Quels facteurs influencent son intensité ? Répondre à ces questions suppose d'affiner nos capacités de mesure et de modélisation. Dans cette optique, les chercheurs de l'Observatoire de l'environnement nocturne du CNRS ont choisi La Réunion comme terrain d'étude. Avec son relief contrasté, son climat tropical et sa biodiversité unique, cette île constitue un laboratoire naturel pour étudier les interactions entre lumière artificielle et environnement.
Samuel Challéat :
La Réunion, elle est intéressante au regard de la thématique pollution lumineuse à plusieurs égards.
Tout d'abord, du point de vue de sa géographie physique, on est sur un territoire contraint qui est un territoire avec un relief très marqué qui va de 0 à 3000 mètres, qui présente des types de temps, de météorologies, très très contrastés entre la façade est et la façade ouest. Et puis elle est intéressante également du point de vue de la géographie humaine, parce que l'urbanisation, étant contrainte par le littoral, n'a pas d'autre solution que de remonter le long des pentes en direction du centre de l'île et au centre de l'île, on a un parc national avec une biodiversité particulièrement remarquable qui est à préserver et qui fait d'ailleurs partie des hotspots de biodiversité mondiaux.
Commentaire voix-off :
Depuis 2022, afin de suivre l'évolution de la pollution lumineuse sur l'île, les chercheurs déploient un réseau de capteurs photométriques sur l'ensemble du territoire. Tels des sentinelles de la nuit, ces instruments scrutent en permanence la lueur du ciel, capturant chaque variation d'éclat due à nos éclairages. Aujourd'hui, une mission particulière attend les chercheurs. Avec leurs collègues de l'observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise, ils se rendent à proximité du volcan pour installer un nouveau capteur sur une station sismologique. Au coeur du parc national, dans une obscurité préservée ce photomètre fournira des données de référence pour mieux comprendre l'ampleur de la pollution lumineuse ailleurs sur le territoire.
Matthieu Renaud :
L'intérêt du réseau de capteurs, c'est de pouvoir suivre dans le temps et dans l'espace, les contributions naturelles et artificielles de lumière nocturne. Les capteurs, les photomètres que nous déployons à la Réunion mesurent en continu, toutes les minutes, la brillance de ciel nocturne. Dans cette valeur là, il y a effectivement les composantes naturelles : le ciel étoilé, la lune, la voie lactée, mais il y a également toute cette lumière artificielle qui diffuse dans l'atmosphère et que le capteur mesure. Une couverture nuageuse au-dessus d'une ville éclairée va augmenter la diffusion de la lumière artificielle autour des villes.
Commentaire voix-off :
Pour approfondir l'étude de ces processus, l'Observatoire de physique de l'atmosphère de la Réunion est mis à contribution. Installé à 2160 mètres d'altitude, il fournit des données essentielles à la recherche sur l'atmosphère et le climat. Équipé d'instruments de pointe, il permet d'étudier les propriétés et le comportement des aérosols. Ici, les chercheurs peuvent analyser les interactions entre ces particules en suspension dans l'atmosphère et la lumière émise par les villes environnantes.
Matthieu Renaud :
L'Observatoire de physique de l'atmosphère permet de sonder de manière globale les paramètres physico-chimiques de l'atmosphère tropicale. Parmi tous les instruments qui se trouvent sur le toit instrumenté, on a des lidars qui permettent de sonder l'atmosphère au travers de tirs laser. Parmi toutes les mesures qu'on fait ici au Maïdo, il y a notamment le contenu en aérosols de l'atmosphère. Ces aérosols vont diffuser et aussi en même temps atténuer toute lumière nocturne. Chaque point lumineux émis d'une ville peut impacter l'ensemble du territoire, mais l'impact va être très différent suivant les conditions météorologiques et atmosphériques et également orographiques. Le relief réunionnais est très marqué et on peut avoir des effets de masquage. On a donc à prendre en compte tous ces paramètres pour réellement comprendre la pollution lumineuse sur le territoire réunionnais.
Commentaire voix-off :
Grâce aux données collectées, il devient possible d'analyser finement les variations de la pollution lumineuse. Ces variations influencent l'impact de la lumière artificielle sur les écosystèmes en modifiant l'intensité lumineuse perçue par les organismes. Mieux les comprendre pourrait donc permettre de développer de nouvelles stratégies de gestion de l'éclairage.
Samuel Challéat :
Le premier résultat attendu, c'est finalement d'être en capacité d'informer l'action publique environnementale pour l'accompagner dans une amélioration de la qualité de l'environnement nocturne et de la lutte contre la pollution lumineuse. Une autre piste de travail, c'est d'arriver à caler un outil d'aide à la décision en matière d'éclairage public et d'adaptation également de l'éclairage public en quasi temps réel en fonction d'enjeux écologiques et météorologiques.
Commentaire voix-off :
À force de poursuivre sans relâche croissance et progrès technologiques, nous avons trop éclairé au point que l'obscurité a déserté nos nuits. Préserver cette ressource ne signifie pas renoncer à l'éclairage, mais repenser la manière dont nous l'utilisons en privilégiant des modes d'habiter plus sobres, attentifs à l'équilibre fragile entre nos sociétés et leur environnement. L'obscurité n'a pas totalement disparu. Elle veille, discrète, dans l'ombre de nos lumières, attendant que nous lui redonnions sa place.
Mots-clés
- Impact environnemental
- Pollution
- Lumière
- Dispositif d'éclairage
- Ciel étoilé
- Aérosol atmosphérique
- Météorologie
- Politique environnementale
- Vie urbaine
- Observatoire
- Capteur
- Aménagement de l'espace
- Impact sur la biodiversité
- Télédétection laser
- Chercheur CNRS
- La Réunion
- Personnel sur le terrain
- Image aérienne
- Image de nuit
- Image en accéléré
- Animation